De St Martin aux Açores,

transat retour 1ère étape

Une plage de St Martin, côté hollandais.
Une plage de St Martin, côté hollandais.

Adelcar est arrivé depuis plusieurs jours à St Martin, tout au nord des petites Antilles, dans la baie de Marigot, je l’ai rejoint, on est mouillés sur ancre presque bord à bord. Sylvette prend l’avion pour rentrer en France le 16 mai. Journées tranquilles, on se balade dans Marigot, on se bat avec les difficultés d’accès internet : le meilleur système c’est la french bakery « La Sucrière » qui fait du bon pain et qui propose une terrasse couverte pour siroter des cafés crème avec accès WIFI gratuit. Il y a aussi le Mc Do, et il y a le cybercafé que j’ai utilisé pour mettre à jour le site.

Ce cybercafé vaut le détour, il y traîne une faune étonnante. Il y a 4 postes d’accès internet, mais c’est aussi une boutique qui vend des téléphones et qui répare les matériels électroniques, ordinateurs, tablettes. Le patron démarre en français, en anglais, en créole ou en espagnol selon le client qui entre. L’écran plat géant diffuse des matches de foot et tout le monde commente les buts. Quand la mise en ligne de mes photos s’éternise un peu, je suis au spectacle, très savoureux !

 

On explore aussi le Super U, qu’on va bientôt dévaliser afin de charger les coffres pour la transat retour.

Je fais venir un électricien à bord : tout marche bien, mais les batteries ne se chargent pas comme elles le devraient. Très vite il trouve la panne, un petit fusible de rien du tout s’est déconnecté, coupant ainsi l’arrivée de courant de l’éolienne. Pour les navigations la nuit, pas de panneau solaire bien sûr, et plus d’éolienne, ça n’allait plus. J’en profite pour lui faire modifier un peu le dispositif, il m’échange le « répartiteur de charge à diode » contre un « relais électronique », et croyez-moi, ça marche beaucoup mieux !

 

Mercredi 13 mai : je me balade vers la marina Fort Louis, et mon attention est attirée par un couple d’américains qui font des photos sur l’enrochement du bord de l’eau : un superbe iguane très coloré se bronze placidement, avec en fond de scène, Indeed et Adelcar !

Une dame s’arrête, me dévisage, mais oui on s’est déjà vus, Annie de Eoliane, avec Olivier, à Pointe à Pitre ! On papote, et elle me dit que quelqu’un lui a parlé de moi, mais qui donc… Ah, oui, ça y est, c’est Fleur de Sail, ils sont là au ponton, depuis hier ! Je ne savais pas quand je les reverrais, ces deux-là : ils ont décidé de monter, pour aller peut-être vers les îles vierges britanniques, pour redescendre ensuite vers la Guadeloupe où ils laisseront leur bateau, le temps d’un retour de quelques semaines en métropole.

Je passe la soirée à leur bord, soirée joyeuse et chaleureuse, avec les deux d’Eoliane.

 

Jeudi 14 mai : avec Adelcar nous levons l’ancre pour faire les pleins. La pompe à essence se trouve juste à l’entrée du chenal avec pont levis qui permet d’entrer dans le lagon de St Martin. Opération un peu longue, on ne peut pas mettre les 2 bateaux au ponton, je fais des ronds dans l’eau, et 30 minutes plus tard je prends la suite : le plein de fuel, il n’en manquait pas beaucoup, et le plein d’eau, ça doit durer jusqu’aux Açores. Nous revenons poser nos ancres au même endroit.

 

160 litres d’eau me durent au moins 2 à 3 semaines, 7 à 10 litres par jour, au maximum. Et il y a en tout 330 litres dans les 2 réservoirs. On  apprend à être économe en bateau, vaisselle à l’eau de mer et rinçage à l’eau douce, cuisson des pâtes avec moitié eau de mer, douche rapide après la baignade. Je n’ai pas de souci pour la transat. Je suis sous les tropiques, il fait chaud ; les Açores sont beaucoup plus tempérées, plus je vais avancer et plus mes besoins en eau vont diminuer, je vais être encore plus mesuré dans ma consommation.

 

Ce soir, avec Marcel et Sylvette, nous avons rendez-vous à bord de Fleur de Sail. Ah, la vie mondaine du ponton !

Fleur de Sail va partir, ils vont se diriger vers les Iles Vierges Britanniques.

 

15 mai : avec Adelcar nous louons une voiture, et nous partons faire le tour de l’île. Petit arrêt chez le gros shipchandler du côté hollandais de l’île, puis balade à Philipsburg dans les rues à shopping où nous ne trouvons rien d’indispensable, sauf Marcel qui s’offre des Croks !

C’est l’anniversaire de Sylvette, et Marcel nous emmène à Oyster Pond, chez « Captain Oliver’s », un excellent restaurant au bord de l’eau, avec vue sur les yachts de la marina.

Bon anniversaire, Sylvette !

En revenant à Marigot, nous allons faire des grosses courses au supermarché, en vue de la traversée.

 16 mai : nous emmenons Sylvette à l’aéroport international, du côté hollandais : elle rentre en France s’occuper de ses filles et des petits enfants, Marcel va faire la transat retour seul.

 

19 mai : on a fait les courses, on voulait partir, mais j’annule le départ, problème électrique… Mon électricien revient, il m’avait dit, en écoutant ma description de la panne au téléphone, de regarder un petit fusible entre le démarreur et l’alternateur, c’est ça… On teste, tout a l’air de marcher, mais je ne suis pas convaincu, je continue à penser que les batteries ne se chargent pas assez, et se déchargent trop vite. Lui pense que c’est parce qu’elles étaient très déchargées…

 

20 mai : à 7 heures du mat’, les captains d’Indeed et Adelcar remontent leurs ancres, mais je m’approche de Marcel, et je lui explique qu’à nouveau les batteries sont trop déchargées, ça ne va pas. On y va mais si je vois que les choses ne s’améliorent pas en route dans la journée, je fais demi-tour.

On y va, mais ¾ d’heure plus tard, j’appelle Marcel à la VHF, puis de vive voix, je lui dis que je renonce pour aujourd’hui, je ne peux pas risquer d’être en panne d’électricité et donc de pilote automatique sur une traversée aussi longue. Marcel continue, et je suis désolé, cette traversée à deux ne pouvait qu’être plaisante, et je crois que Marcel en pensait autant.

 

Demi-tour, je m’installe à la marina Fort Louis, ça facilitera la venue de l’électricien, et puis j’aurai du 220 volts pour faire des essais de recharge des batteries.

Annie et Olivier d’Eoliane m’ont vu revenir avec l’AIS, ils m’aident à m’amarrer au ponton. Olivier me prête son téléphone pour contacter l’électricien, il revient demain matin.

 

21 mai : 8h30, il arrive, et après des recherches pas très faciles au fond des coffres et dans la cale moteur, il trouve le coupable : un petit fil électrique rouge très discret qui relie la batterie moteur et la batterie du propulseur, il n’aurait pas dû être là, faisait double emploi et semait la pagaille après la modification de l’organisation de l’électricité à bord. Il coupe le fil, on met en charge, et enfin je retrouve une situation normale, et même bien meilleure qu’avant !

Dans les quelques jours qui vont suivre, je fais des essais, branché au 220 volts, débranché, tout va bien. Ouf !

 

Sur les pontons chacun passe son temps à étudier la météo et à essayer de programmer son départ pour la traversée. Olivier me propose des hypothèses, et je commence à recevoir des mails par satellite d’Adelcar. Je pars le 23, le 24, le 25 ?

à Douarnenez, Dominique attend mon feu vert pour prendre son billet d’avion pour me rejoindre aux Açores : rendez-vous à  Faial ou Sao Miguel ?

Il y a un gros anticyclone sur les Açores, mais il y a aussi une dépression, pas trop active, sur les Bermudes ; tout ça fluctue selon les jours, et les hypothèses de route ne sont pas simples.

 

TRANSAT RETOUR

un clic pour agrandir la carte
La transat d'Indeed, Adelcar et Eoliane

 

Lundi 25 mai, 10 heures : Olivier et Annie, aidés de 2 marineros, me larguent les amarres. A Dieu vat ! Je quitte les Antilles, je démarre une traversée de 2200 milles nautiques en ligne droite.

 

Je suis content de partir, heureux de me retrouver pour 3 semaines en mer, quelles que soient les conditions – enfin, il faut quand même que ces conditions restent raisonnables… Le temps est beau, les prévisions pour les jours qui viennent sont tranquilles, mer belle et vent léger, parfois un peu trop, mais on verra.

 

Nous avons convenu, avec Eoliane et Adelcar, de nous écrire des mails quotidiens avec le téléphone satellite Iridium tout au long de cette traversée. Je vais utiliser cette correspondance pour le récit de cette transat.

 

Ça y est, je suis parti, ce matin à 10 heures. Je suis passé entre St Martin et Anguilla, et après l’îlot de Tintamare j'ai tiré un bord au sud-est pendant quelques heures vers St Barth puis j'ai retiré un bord vers le nord-est, pas très concluant pour le moment mais en théorie le vent devrait tourner vers l'est-sud-est...

Beau temps, mer confortable, pourvu que ça dure !

18°01N 62°50W

 

26 mai – 2ème jour

j’ai parcouru 88 milles sur le fond, mais j’ai tiré des bords, alors il vaut mieux dire 47 milles en ligne droite, en fait…

Je suis parti, oui, mais je ne sais pas si j'aurais dû ! Vent bien établi au nord-est, variant entre 5 et 18 nœuds... Du près serré dans ces conditions, c'est infernal, je tire des bords assez minables, je pense que le courant et les vagues s'associent pour que ce soient des bords bien carrés ! Dans la nuit il y a tellement peu de vent que j'ai fait 4 ou 5 manques à virer, je me retrouvais dans le noir cap au sud, ou cap à l'ouest...

Et je ne parle pas des sargasses !

À part ça il fait beau, les vagues sont tranquilles, mais j'aimerais bien avancer un peu sur ma route...

Je comprends, Marcel, que tu fasses du moteur pour trouver un endroit où le vent est normal !

18°38N 62°31 7W

Salut Marcel,

(J’ai prêté à Marcel mon guide de navigation de Polynésie française, il prépare son prochain tour du monde) Les atolls et les îles hautes n'ont plus de secret pour toi ? Rappelle-toi : a priori le courant est sortant dans les passes des atolls, et il vaut mieux les embouquer le matin !

Je lis et je joue à Candy Crush sur la tablette. J'ai vu 2 gros cétacés, de couleur assez inhabituelle, d’un beige clair façon canapé en cuir (une discussion avec un spécialiste des baleines, 3 semaines plus tard aux Açores, m’apprendra que c’étaient sans doute des baleines à bec, des « baleines de Ziphius »).

À part ça, moteur depuis ce matin, 4 nœuds de vent...

Nuit assez nulle, vent variable de 5 à 18 nœuds, et changeant constamment de direction, mais toujours plus ou moins secteur nord-est, pile sur ma route...

Moteur depuis ce matin, 4 nœuds de vent, mer de plus en plus lisse. Je me mets en dessous de l'orthodromie, on y croit !

Très beau temps.

 

27 mai – 3ème jour

75 milles en 24 heures - 18°47N 61°18W

Pas de vent, mer lisse, beau temps, sargasses...

J’ai dépassé 20 heures de moteur, et toujours rien, 3 à 5 nœuds de vent, l'éolienne ne démarre même pas !

On y croit quand même, ça va bien finir par venir.  Je fais des essais à la voile, cette nuit quelques heures avec de 5 à 8 nœuds de vent.

N'oublions pas qu'on fait ça pour notre plaisir !

A part ça, tout va bien.

 

Comme je suis en phase sportive je vous écris pour vous en parler ! Vent 3 à 5 nœuds, rafales à 6 nœuds, vitesse moyenne 2 nœuds.

Grand soleil, je pense arriver avant fin juillet. Ou fin août ?

 

28 mai – 4ème jour

68 milles en 24 heures. Ça vient, doucement mais ça vient !

Depuis cette nuit, enfin le vent est passé vers le sud est : je fais cap 35°, en étant plus ou moins au travers, avec du vent de 6 à 9 nœuds, donc vitesse de 2,5 à 4 nœuds. Heureux je suis, après ces dizaines d'heures à faire du près serré avec 6 nœuds de vent !

Temps magnifique, avec une averse chaque nuit pour rincer le bateau, des averses sans vent et sans éclairs.

Mer belle, des sargasses bien sûr, mais je gère.

Olivier j'ai noté sur ma carte le point 52W-32N à virer, ça va me servir à caler mon cap, merci.

Olivier et Annie, a priori vous êtes partis ce matin de l’île de Tintamare, bon vent.

 

29 mai – 5ème jour

106 milles en 24 heures : enfin je navigue ! Depuis hier j'ai du vent d'est, et il a un peu forci depuis hier, en passant de 9 à 12-14 nœuds selon les moments.

Cap 35°, vitesse 4 à 5 nœuds, j'avance dans la bonne direction, avec un temps impeccable.

Peut-être arriverai-je à Horta avant la fin juin ? Et peut-être aussi que je ne me ferai pas rattraper par Eoliane trop vite !

21°02N 59°28W

 

Bonjour Dominique,

Enfin je navigue, enfin je t'écris, je commence à y croire ! Je suis parti le lundi 25, j'ai eu 2 jours de pétole avec du vent de Nord est ! Moteur,  vitesse minable...

Depuis hier j'ai du vent d'est, et il a un peu forci depuis hier, en passant de 9 à 12-14 nœuds selon les moments.

Cap 35°, vitesse 4 à 5 nœuds, j'avance dans la bonne direction, avec un temps impeccable. Projet : prendre l'anticyclone par le nord, par le dessus.

21°02N 59°28W

Peut-être arriverai-je à Horta à une date raisonnable ?

Je me dis que je vais mettre 20 à 25 jours, ce qui nous mène entre le 13 et le 18 juin à Horta. Il y a encore 150 milles pour Sao Miguel.

Je t'avais proposé une date de rendez-vous vers le 23-24, elle me semble raisonnable, à Horta ou à Ponta Delgada, c'est vous qui décidez !

 

Bonjour Marcel,

il y a des moments où je me dis que j'ai eu de la chance de ne pas partir en même temps que toi ! 2 fois déjà tu as eu des sales conditions météo, et ça n'a pas dû être drôle, tu me raconteras ça au bistrot chez « Peter » à Horta !

La conclusion, c'est que les fichiers météo GRIBs, ça n'est vraiment pas une science exacte. De mon côté j'ai l'impression qu’ils sont toujours un peu faux, aussi bien en force du vent qu'en direction ! Il n’y a que pour la hauteur des vagues que ça va…

 

30 mai – 6ème jour

106 milles en 24 heures. L’orage a démarré cette nuit vers 1h du matin - Olivier, tu m'avais prédit des orages pour le vendredi, ils ont eu plus d'une heure de retard !  Comme d'hab', le vent qui monte, puis qui tombe, puis qui refuse... des éclairs spectaculaires, et surtout grosse pluie pendant des heures. Moteur, prise de ris GV et génois, et au dodo !

Au petit matin la pluie s'est arrêtée, j'ai tout largué, le vent était là, mais là, à la minute, il est un peu faiblard - vitesse entre 3 et 4,5 nœuds.

La pluie est revenue un peu, on ne va quand même pas se laisser aller, ce matin café au lait et tartines grillées, tout va bien.

 

Voilà une grande préoccupation en mer, la bouffe ! Les courses d’abord : j’ai embarqué beaucoup de conserves, des plats tout prêts, des thons-maquereaux-sardines, des desserts, yaourts longue conservation, compotes, salades de fruits, des pâtes, du riz, de la purée en flocons. Le gros souci c’est le choix des produits frais.  Il faut que ça se garde suffisamment longtemps, le frigo n’est pas très grand, et il n’y a pas de congélateur à bord ! Des légumes, tomates, choux, avocats, pommes, melons, des œufs bien sûr, des yaourts. Pas de viande fraiche. Du pain précuit, pour avoir du pain frais tous les matins ! Et puis l’épicerie classique, le lait, le beurre, des sauces, etc.

Ensuite, en mer, il y a des rituels qui se mettent en place, avec leurs horaires. Le petit déj’, café au lait–pain grillé, les repas toujours à table, même quand ça remue. Quand ça bouge trop, régime conserves. Quand la mer est conciliante, je cuisine (un peu), je fais des grosses salades, j’invente des recettes audacieuses, par exemple l’omelette à la vache qui rit !  Et puis la bière fraiche au coucher du soleil, le dîner aux dernières lueurs du jour, le café à 3 heures du mat’ avec des petits beurres…

 

C’était décidé et organisé avant le départ, je ne savais pas trop ce que ça allait être en pratique, mais je dois le dire, j'adore ce principe de lien quotidien par téléphone satellite ! Ça change complètement la transat, le fait de tracer vos points sur ma carte supprime la distance et l'isolement. Et puis j’attends ce moment où je me connecte, on se pose des questions, on attend les réponses.

 

Mes batteries vont bien, et même très bien, d'autant plus que j'ai mis en route dès le 1er jour l'AQUAGEN, l’hydrogénérateur. Il faut dire aussi que j'ai fait un peu de moteur ces jours-ci...

Marcel tu dis que tu as 2 frigos, et donc des boissons fraîches, mais au train où ça va ce ne sont pas des boissons fraîches qu'il nous faudra, c'est des grogs, on monte en latitude !

Temps moche, vent instable, on fait avec.

Tout à l'heure j'ai complètement descendu la grand’voile, j'ai fait un transfilage sur le coulisseau de tête, sangle cassée : c'est à ça que ça sert, les moments de pétole !

22°53N 58°07W

 

Olivier,

Vous aussi vous avez eu du gros vent, comme Marcel, je croise les doigts, pour le moment le max que j'ai eu c'est 22 nœuds.

 

31 mai – 7ème jour

108 milles en 24 heures

Bonjour Maman, bonjour Joël,

Je suis parti pour cette transat lundi dernier, il y a presque une semaine.

Après 2 journées assez minables à me trainer, maintenant ça marche bien. On est 3 bateaux à se suivre à quelques jours d'intervalle, Adelcar, Eoliane et Indeed, et tous les jours on s'envoie des mails, avec notre position et les infos locales du jour : c'est très agréable !

Jusqu'à présent j'ai une météo assez facile, mais j'attends la suite - les copains ont eu des grains carabinés !

 

Avez-vous encore des sargasses ?

Au petit matin, je me traîne, un peu trop, je trouve...

Démarrage moteur, marche arrière énergique, et je vois dans le sillage 10 kgs de salade hachée menu. Arrêt du moteur, aussitôt le bateau prend presque 1 nœud de plus !

Cette nuit, comme d'hab', pluie, vent qui forcit un peu, prise de ris, réduction du génois... Pourquoi c'est toujours la nuit ?

24°05N 57°26W

 

Ah Marcel, je t'écris juste pour te dire qu’à midi j'ai mangé un demi-melon absolument délicieux et parfumé !

15 à 18 nœuds de vent, c'est presque une nouveauté pour moi, avant la moyenne c'était plutôt 12 nœuds. Speedo entre 5 et 6,6 nœuds, tout va bien.

24°34N 57°11W à 15h30

 

Olivier, je vise plus ou moins la même zone que toi, 32N-51W ou 52W, cap au 30° environ.

Beau temps, ça marche bien.

J’ai vu mon 3ème cargo aujourd'hui, et cette nuit j'ai été doublé par un voilier de 22 mètres, Kealoha, sur le même cap que moi.

24°36N 57°10W

1er juin – 8ème jour

140 milles en 24 heures, content je suis : c'est mon meilleur score depuis le départ !

Vent longtemps entre 15 et 18 nœuds, vitesse 6 à 7 nœuds, puis il a baissé en fin de nuit à 12-15 nœuds, là un grain est passé devant moi, le vent baisse et refuse un peu, je suis au près mais toujours à 5,5-6,5 nœuds. J'attends avant de larguer le ris de la nuit.

Bien sûr c'est moins confortable pour la vie dans le bateau, faire la vaisselle demande de la concentration, mais je préfère quand même ça !

Je préfèrerais aussi un ciel plus bleu par moments...

26°09N 56°16W cap 26°

J'allais oublier : avez-vous fêté votre passage du Tropique du Cancer 23°27 ? Moi j'ai oublié, c'était samedi ! Fini les tropiques, on arrive dans la zone tempérée.

 

Marcel, c'est d'accord pour les tartines grillées, mais il faut que j'accélère un peu, vu que tu as 500 milles d'avance !

Tu me fais rêver quand tu parles de ciel bleu et dégagé, ici c'est gris, bouché, moche !

Annie, tu te posais des questions sur cette transat avant de partir, maintenant qu'on y est, ça va ? C'est mieux que prévu, moins bien ?

26°42N 55°53W à 15h30

 

mardi 2 juin – 9ème jour

Ouf, nuit agitée et bien secouée ! Moi qui étais habitué au petit temps depuis le départ de St Martin, hier soir ça s'est installé pour la 1ère fois à 20 nœuds. Vers minuit, j'étais là à me demander ce que j'allais faire, et je me suis fait rincer par une vague ! J’ai pris le 2ème ris vite fait, et au dodo.

Ce matin toujours 18-20 nœuds, mais la mer est assez peu formée, même si elle est nerveuse, du coup ça rince le pont…

144 milles en 24h, pas mal.

Ce matin, tremper les tartines grillées dans le café au lait nécessitait d'être bien réveillé, mais comment pourrais-je me passer de ce cérémonial ?

Olivier j'ai noté ton nouveau waypoint, 32N-50W, mais je pointerai vers là quand ça adonnera, pour le moment je suis au près serré.

 

salut Olivier,

Eh oui, comme on est proches ! Chaque fois que je sors dans le cockpit, je jette un coup d'œil dans votre direction supposée, on ne sait jamais ! En fait peut-être que je verrai d'abord votre AIS.

Marcel, salue les dauphins tachetés de l’Atlantique de ma part.

28°43N 54°31W à 16h00 GMT-4

 

10ème jour de mer, je suis euphorique !

Depuis le départ, je bénéficie d’une excellente météo, même si je suis un peu trop souvent au près serré. Jamais de grosses vagues, jamais une rafale au-delà de 22 nœuds, la moyenne du vent se situant plutôt autour de 12-14 nœuds.

Depuis le départ, je navigue les 2/3 du temps sous grand’voile haute et génois déroulé en grand, à part une nuit sous 2 ris, et des petits moments à un ris. Depuis Madère j’avais le souvenir d’avoir tout le temps au moins un ris dans la grand’voile, et aux Antilles c’était souvent 2 !

Mes problèmes électriques ne sont plus qu’un lointain souvenir, et l’hydrogénérateur que je traine dans le sillage du bateau fait des merveilles, ça fait plusieurs jours que je n’ai pas démarré le moteur pour recharger les batteries.

Le principe des échanges de mails à 3 bateaux change complètement la façon dont je vis cette transat, ces échanges sont très stimulants : j’attends l’heure des vacations, je réfléchis à ce que je vais écrire, et je suis très content d’avoir des nouvelles des autres !

Il y a bien sûr le souci du sale temps qui s’annonce dans 5 ou 6 jours au dessus de notre route, mais je suis les conseils d’Olivier, j’étudie les fichiers GRIB, et ça aussi c’est une nouveauté, cette stratégie météo comme je ne l’ai jamais vécue.

Je ne m’ennuie pas à bord, je lis, je bricole, je fais la cuisine, la vaisselle, le temps passe vite, et je passe des heures à observer la mer, l’horizon, les nuages. J’essaie de ne manquer ni les couchers ni les levers de soleil, à 5 heures du mat’.

 

Mercredi 3 juin – 10ème jour

135 milles. Du près serré, encore du près serré, ah, où est le bon temps des alizés au grand largue...

L'avantage du près serré et du bateau qui gîte et qui saute, c'est qu'on fait des abdominaux rien qu'en faisant réchauffer une conserve, pour réussir à rester devant la cuisinière ! Vous voulez un ventre plat ? Faites une transat !

Olivier, j'ai lofé, mais pas moyen de faire plus que cap 47°-48°, demain on fera mieux, je pense. Je surveille le menu qui nous attend dans quelques jours, pas très appétissant, un peu de sud et un peu de moteur vont être à la carte !

Marcel, profite de ta bulle météo et n'abuse pas du ti'punch, attends-nous !

Cette nuit, encore un cargo, mais seulement sur l'AIS. Et vous, vous voyez du monde ?

29°50N 53°11W 10h GMT-4 cap 47° vitesse 5 à 6nds

 

Salut Marcel,

Tu sais que les anglais appellent  les globicéphales "pilot whales", ces  baleines pilotes que tu as vues : ça doit vouloir dire que tu es sur la bonne voie. Enjoy, comme ils disent.

Olivier, je continue à guetter l'horizon pour voir apparaitre Eoliane.

Annie, tu as raison, le près serré n’est pas vraiment idéal pour la bronzette sur le  pont !

Mon cap, c'est toujours 45°, le maximum que je peux, on verra demain soir pour la suite. On essaiera de se tracer une route entre le 32ème et 36ème parallèle.

 

Jeudi 4 juin – 11ème jour

127 milles en 24 heures.

Pas de doute, la température baisse, je commence à envisager une épaisseur supplémentaire pour le petit matin. Je ne suis pas encore arrivé à ces extrémités, mais je m'y prépare !

Hier soir ça marchait fort, mais en fin de nuit le vent a baissé et a l'air de s'installer à 12 nœuds. Je suis toujours au cap 50°, toujours au près serré, je vise un des points que tu proposais, Olivier, 32N 50W à 100 milles devant moi.

Pour le moment les conditions météo sont impeccables, mais une vilaine dépression est annoncée dans quelques jours, et on fait de la stratégie pour passer en dessous, mais en profitant quand même de son vent d'ouest. J'espère que ça marchera...

31°11N 51°19W à 9h30 – 127 milles en 24 heures.

 

Ce matin j’ai chargé le fichier GRIB, pour prendre des nouvelles de cette fichue dépression qui se met en travers de notre route. Eh bien elle a disparu ! Entre les prévisions du 2 juin et celles du 4 juin, il y a une dépression de moins, enfin il en reste une mais sans commune mesure avec celle annoncée. Jusqu'aux prochaines prévisions, bien sûr. Pas de doute, les prévisions météo à plusieurs jours ne sont pas encore une science exacte, et voilà qui m’arrange bien.

Enfin il fait beau là où je suis, il n'y a plus ce ciel à 2 couches, les petits cumulus habituels, et au dessus les nuages d'altitude laiteux et tristes. Là, ciel bleu parfait.

Je me prépare à faire du moteur vendredi et samedi, même si je m'écarte un peu du cap 50° que je faisais. Il faut bien que je consomme mon fuel, mes batteries se chargent tellement bien que je n'ai plus besoin de démarrer le moteur !

Annie, ça y est, c'est la transat parfaite, non ?

31°31N 50 51W cap 35, vitesse 5 nœuds, allure largue – enfin je ne suis plus au près serré !

Je vise 32N 50W.

Les fichiers météo, ça change, ça varie, ça évolue !

Vendredi 5 juin – 12ème jour

74 milles en 24 heures, voilà qui fait à nouveau baisser la moyenne.

Je vivais en heure TU-4, comme aux Antilles. Sur la suggestion d’Eoliane je suis passé en TU-2 ; je ne sais plus très bien quelles sont les heures de nos vacations satellite entre bateaux, mais ce n'est pas grave, l'important c'est qu'on continue !

Depuis hier soir le vent est tombé pour moi, entre 6 et 9 nœuds, vitesse de 2 à 4 nœuds dans les rafales.

 

En ce moment, 3,5 nœuds, je pense que dans la matinée je ferai un coup de moteur si le vent continue à diminuer.

Il fait beau, la température baisse, mais reste presque tropicale encore.

Pour la suite, je vais essayer d'être dans 2 jours à la hauteur du 33ème parallèle, dans le sud de la dépression. Tout à l'heure je charge le fichier GRIB du jour, pour affiner tout ça. Je trouve cette navigation extrêmement plaisante ! Pourvu que ça dure.

32°02N 50°11W cap 58°

Le fait d’avoir changé d’heure m’a fait me coucher scandaleusement tard ! En mer j’ai tendance à me coucher avec le jour, alors deux heures de jour supplémentaires, ça compte, même si ça n’est qu’une histoire de réglage de montre !

 

Salut Marcel,

Je ne sais plus si je te l'ai dit, mais avec ces rendez-vous décalés par mail, je ne sais plus ce que j'ai dit ou pas ! Et puis je suis débordé, comme toi sans doute, entre les siestes, la contemplation des nuages et le choix du menu de midi...

Mon amie Dominique de Douarnenez arrive avec un autre copain douarneniste Patrick, sur l’île de Sao Miguel au port de Ponta Delgada le 23 juin. Je te laisse mûrir ça pour la suite, et j'espère que tu vas faire le choix de passer par Douarnenez avec nous bien sûr !

 

16 heures, je n'ai toujours pas démarré le moteur, je l'économise pour la suite.

J'ai chargé le fichier GRIB, et ses prévisions deviennent difficiles à suivre, à chaque fois les évolutions à long terme changent, la stratégie devient aléatoire. Une chose me plaît bien, les dépressions ont plutôt tendance à disparaitre. Il fait beau, ça avance, que demander de plus ?

J'ai commencé à voir des physalies, ces drôles de méduses à voile qui ressemblent à des coquilles St Jacques gonflables en plastique transparent. On les appelle aussi des « caravelles portugaises ». Ne pas toucher, très urticant !

Mais pas de baleines, pas de dauphins - ya des chouchous...

 

Samedi 6 juin – 13ème jour…

Après une nuit au moteur, ce matin au petit jour, 6h TU-2, je rehisse la grand voile, et pendant l'opération, le moteur s'étouffe et s'arrête.

Je suis sous voiles, j'avance à 2 nœuds.

Pour le moment, je fais avec, je regarde le moteur, pas de fumée nauséabonde, pas de fuel partout, pas d'eau partout, pas de courroie cassée.

Je laisse le moteur reposer, je prends mon petit déj’,  je vais voir ce que je peux faire.

J'essaierai de redémarrer le moteur quand il aura refroidi. Je vous tiens au courant de la suite.

32°50N 49°09 à7h30 TU-2 cap 20° - 73 milles en 21 heures.

Pour le moment ça ne me coupe pas l'appétit.

 

Toujours à 2 nœuds sous voiles. Après avoir vérifié ce que je pouvais vérifier, l'eau, l'huile, les courroies, les fuites, j'ai fait un essai de redémarrage.

Ça redémarre, yesss ! Point mort, je peux accélérer, moteur débrayé !

Je peux recharger les batteries, si nécessaire, j'ai donc un ordinateur pour la route, un téléphone satellite pour vous écrire, et surtout un pilote automatique électrique.

 

Problème : dès que j'enclenche la marche avant ou la marche arrière, le moteur cale instantanément. Pour le moment j'en suis là. Problème d'inverseur ? Hélice bloquée ?

 

Une des hypothèses était la bonne : hélice bloquée. Je tombe la grand’voile, je mets le bateau bout’ au vent, et heureusement il n’y a pas beaucoup de vent. Je mets le harnais, j’installe une amarre pour me tenir sous l‘eau, masques palmes tuba, et je plonge. Et je vois : un bon gros morceau d'amarre bien entouré autour de l'hélice.

J'ai passé une heure sous l'eau avec un couteau scie, je n'y arrive pas, je renonce. J'ai manqué me noyer plusieurs fois, j'ai bu la tasse, ça suffit !

J’ai remis la grand’voile, déroulé le génois, je fais de 3 à 3,5 nœuds, j'avance.

Si vous êtes à Horta quand j'arriverai, vous pourriez venir me donner un coup de main avec votre annexe ? Merci !

 

Quand j’y pense, c’est arrivé alors que j’allais arrêter le moteur dans les minutes qui suivaient, après toute une nuit au moteur, où il ne s’était rien passé ! C’est rageant.

Consolation, un troupeau de dauphins est passé me voir pendant ces opérations.

 

15 heures, un catamaran passe à ½ mille de moi, à peu près sur le même cap. 5 fois, 6 fois, j’essaie de l‘appeler avec la radio VHF fixe, avec la VHF portable, pas de réponse. On est à 1100 milles nautiques d’une terre, environ 2000 km, on est presqu’à portée de voix, il passe, sans tourner la tête.

 

J’avance, et dans la soirée le vent revient. Je ne dors pas bien, je me revois sous l’eau, avec mon couteau scie, ou bien je me vois bloqué pendant des jours dans les calmes…

 

Dimanche 7 juin – 14ème jour

Je continue  à cogiter. Le problème c’est respirer sous l’eau, je bricole une rallonge à mon tuba avec un morceau de tuyau. Prochain calme plat, j’essaierai. Marcel a installé à l’arrière de son voilier de quoi mettre le moteur hors bord de l’annexe, ça me donne des idées, je pourrais essayer d’utiliser l’échelle de bain pour fixer mon petit hors bord de 2 cv…

Je voulais retourner sous le bateau aujourd'hui, mais le vent s'est levé gentiment dans la nuit, il y  a en ce moment 10 nœuds de vent au travers, Indeed est à 5 nœuds.

Donc j'avance, ma seule inquiétude c'est que la température de l'eau va baisser si j'attends trop pour plonger à nouveau !

Marcel, j'ai lu le guide Ymray à propos de la possibilité de se mettre sur ancre à Horta, mais j'ai aussi vu qu'il y a des chaînes et des vieux pneus qui trainent au fond du port... J'espère d’abord que le vent me permettra d'être manœuvrant pour rentrer dans le port.

 

Pour Eoliane et Adelcar, ça a l'air de bien marcher pour vous, alors profitez-en, on se racontera ça chez « Peter » à Horta.

Sur ma route théorique, il me reste 990 milles à parcourir, je suis presque arrivé !

33°30N 47°51W cap 72° à 9h TU-2 – 84 milles en 27 heures.

 

lundi 8 juin – 15ème jour

Comme tu dis, Olivier, pour mon moteur, maintenant j'ai l'explication, même si cela ne répare pas, ça rassure ! Si j'avais eu à changer l'inverseur, par exemple...

Marcel, tu me parles d’un « coupe-orin » installé derrière l’hélice, mais quand tu verras le diamètre du cordage coupable, tu verras qu'un coupe-orin classique n'aurait servi à rien.

Ici, ça marche bien, et j'ai plus de vent qu'annoncé par le GRIB, au lieu de 6-8 nœuds, j'ai plutôt 12-14 nœuds en ce moment.

Et je pense que j'ai du courant depuis hier, au moins 1/2 nœud : le Gulf Stream existe !

Temps magnifique, mer très confortable, que demander de plus ? A part un moteur...

34°18N 46°00W cap 60° vitesse 4,5 nœuds grand largue tribord amure.

107 milles en 24 heures.

 

Mardi 9 juin – 16ème jour

16ème jour de mer, on a le droit de regarder un peu en arrière !

Franchement des conditions météo comme ça, c'est parfait : je n'ai toujours pas eu de rafales au delà de 22 nœuds, et la moyenne de ce que j'ai eu jusqu'à aujourd'hui doit plutôt se situer autour de 12 nœuds.

Je n'ai jamais eu de grosses vagues, et dans l'ensemble, depuis une semaine, c'est toujours du beau temps, avec les petits nuages habituels.

Et je dois dire que cette navigation avec les fichiers GRIB, c'est étonnant : un petit coup de 20° à bâbord pour éviter une zone avec 20 nœuds de vent, un petit coup de 15° à tribord pour éviter une zone de calmasse, tout ça géré sur l'écran, ça fait très jeu vidéo !

Bon, ça serait encore mieux sans les soucis de moteur, mais on ne peut pas tout avoir.

Arrivée le 16-17 juin à Horta ?

Eoliane, vous êtes juste derrière moi ? Je guette !

 

Aujourd’hui, temps moche. En fin d’après-midi, petite pluie, ciel bouché.

L’après-midi, je connecte le téléphone satellite, j’ai reçu un message d’Eoliane : ça y est, ils m’ont doublé, ils sont passés au nord, à une vingtaine de milles, sur une route à peu près parallèle !

 

Salut Olivier,

Toute la matinée j'ai essayé de vous voir, apparemment vous étiez à moins de 20 milles d’Indeed au nord.

Vous avez des problèmes de lattes de grand’voile, il m'était arrivé un truc un peu semblable à ma grand voile, et j'avais constaté une chose intéressante : mes lattes sont des tiges cylindriques de fibre de verre, et apparemment les lattes qui raidissent le « lazy bag » sont identiques : si c'est la même chose sur Eoliane, échange possible ?

 

Mercredi 10 juin – 17ème jour

Hier après-midi je me trainais, mais dans la soirée ça s'est réveillé, j’ai pris un ris, pluie toute la nuit, 17 à 22 nœuds de vent grand largue, des pointes à plus de 8 nœuds. Ce matin il ne pleut presque pas, et le ciel est gris et bas. Le vent a baissé mais je suis maintenant au près pas trop serré, au cap 80°, et ça avance bien, 6 nœuds. Si nécessaire quand le vent continuera à tourner, je pourrai faire un peu de nord est.

Marcel, il ne te reste même pas un golfe de Gascogne à faire, une broutille !

Olivier, as-tu pu faire avancer ton problème de lattes, ou bien es-tu coincé au 3ème ris ? Sinon, je vais te rattraper !

mercredi 10 9h30 TU-2 35 27N 41 53W – 119 milles en 24 heures.

 

Jeudi 11 juin – 18ème jour

110 milles en 25 heures.

36°03N 39°49W – cap 50°.

Hier après-midi, je voyais le beau temps devant moi. Comme la lune se lève en fin de nuit en ce moment, le ciel a été étoilé comme je ne l’avais pas vu depuis longtemps.

Le vent a tourné de façon à nous barrer un peu la route. Progressivement j’ai orienté Indeed vers le nord-est, vent léger, mer reposante.

Ce matin, vent de 8 nœuds, vitesse 3,5 à 4 nœuds. Je teste le pilote automatique en « mode vent », il garde un écart constant avec la direction du vent.

Je me prépare une « bouée d’orin » : si je pose mon ancre dans le port d’Horta, j’y accrocherai  un filin et une bouée, en fait un bidon. Je suis en train de transvaser mon huile moteur dans des bouteilles vides, puis je peins « INDEED » sur les 2 côtés du bidon.

Comme j’étais très occupé, j’ai oublié l’heure de la « vacation-mails-aux-copains » : désolé…

J’étudie la météo de mardi prochain, pour l’approche de Faial, pas très facile ! Du près serré avec 4 nœuds de vent. Pourvu que la prévision Grib change d’ici là ! Mais ça n’arrive jamais, ça se saurait.

 

Vendredi 12 juin – 19ème jour

76 milles en 24 heures – je me traine…

Ah Marcel, tu fais du près, eh bien tu n'es pas le seul ! Et hier je faisais même du près serré avec 5 nœuds de vent... Qu'est-ce que ça doit être bien d'avoir pris l'option moteur sur son voilier !

Par moments, hier je faisais cap 15°, mais progressivement j'ai amélioré le cap, et ce matin depuis le milieu de nuit, je fais cap 60°, et même 70° depuis 1/2h. On y croit.

Je me dis que je vais arriver mercredi, il me reste 500 milles à parcourir.

Olivier et Annie, j'ai pensé à vous hier après midi, je suppose que vous aussi vous n'aviez pas beaucoup de vent, alors avec une grand voile au 2ème ris... Ah mais j'oubliais, vous aussi vous avez l'option moteur !

vendredi 12 juin 36 49N 38 36W à 9h30 TU-2 -  cap 60° vitesse 4,2 nœuds

 

13h30, petit vent de 7-8 nœuds, mer assez tranquille, j'ai tout affalé à nouveau, j'ai fait un 2ème essai de plongée sous le bateau, j'y arrive pas. Tant pis, j'aurai essayé. La houle essaie de m’assommer avec un voilier de 7 tonnes, et je vais finir noyé, trainé par un bout’ sous le bateau, finalement je préfère faire une arrivée cafouilleuse à Horta.

J’ai remis en route, vitesse 4,5 nœuds, mais c'est difficile de rester zen !

15h30 37 01N 38 17W cap 55°.

Samedi 13 juin – 20ème jour

Marcel, si tu vas à la messe comme prévu demain matin, mets un cierge à l'église pour que mon arrivée se passe bien. Puisque je parle d'arrivée, je propose qu'on confirme que je te joindrai sur le canal 10 VHF ; quand j'approcherai, j'essaierai de t'appeler mais je t'enverrai d'abord un mail satellite avec une heure d’arrivée approximative. J'imagine que dans un 1er temps je mettrai l'ancre, mais on verra sur place. J'ai une belle bouée d'orin.

 

Olivier et Annie, moi qui me réjouissais de vous voir ralentir par la faute de votre grand voile raccourcie, et vous me dites que vous naviguez toutes voiles dehors ! Non, c'est pas vrai, je vous préfère arrivés et installés à Horta quand j'arriverai.

Hier, après midi assez minable, mais cette nuit j'étais tranquillement entre 4,5 et 5,5 nœuds sur une mer presque plate. Et ce matin ça continue, entre 5 et 6,5 nœuds.

Il me reste 400 milles, je pense donc arriver mercredi matin, car si je vise mardi soir ça sera donc en soirée, donc plus difficile. Au besoin, je ralentirai, je rajouterai des sargasses en plus de l'amarre sur l'hélice pour freiner Indeed.

37°42N 37°00W 9h30 TU-2 cap 70°. 107 milles en 24h.

 

Marcel est arrivé samedi après-midi.

 

Dimanche 14 juin – 21ème jour

Alors Marcel, je suppose que tu es au ponton, décontracté et reposé après une nuit au calme, non ?

Ici, il est temps que ça finisse ! Hier, super journée, soirée agitée où j'ai pris le 1er ris, puis le 2ème dans la soirée pour calmer le jeu, toujours entre 6 et 7 nœuds, et puis ça s'est calmé en fin de nuit, et même un peu trop, j'ai largué un ris, puis les 2, et en ce moment j'ai 8-10 nœuds de vent, mais surtout, ce vent de sud-ouest il a tourné à l'ouest ; j'ai empanné bâbord amure pour faire du nord-est, en attendant que le vent veuille bien obéir au GRIB, et qu'il retourne au SW.

Indeed va entre 3,2 et 4 nœuds, il y a le reste des vagues de la nuit, le bateau roule,  les voiles tapent...

Merci, Olivier, pour le journal de votre transat ! Comment accède-t-on au site en ligne, il doit avoir un petit nom du genre http://eoliane.blogspot.com ?

En fait c’est http://olivier.dardel.free.fr/bateau

dimanche 14 juin 38 17N 34 01W 9h30 TU-2.

136 milles en 24 heures.

 

Lundi 15 juin – 22ème jour

Salut Marcel, salut Olivier et Annie,

Je ne sais pas encore où sont les Eolianes, arrivés ou presque arrivés ? Courage, vous y êtes presque !

De mon côté, il me reste 150 milles à parcourir, ça marchait bien jusqu'aux premières lueurs du jour, et depuis le vent faiblit, faiblit... en ce moment je suis entre 3,5 et 4 nœuds, sur le bon cap, mais ça ne suffit pas pour arriver demain dans la journée !

Un calcul rapide me fait arriver en soirée, vers minuit.

2 possibilités : j'arrive de nuit, je pose mon ancre, mais je ne sais pas où me mettre, le port est grand. Marcel, peux-tu me dire si c'est envisageable, et où ? Si oui, donne-moi un point GPS.

Autre possibilité, je me mets à la cape au large et j'attends le petit matin.

Marcel, j'ai mis tes 2 adresses, je ne sais pas laquelle tu regardes, mais je suppose que c'est l'adresse "orange", non ?

Autre question : les Açores sont en heure TU-1 ou en TU ?

Mon numéro IRIDIUM : 88 16 31 63 73 99

38°23N 31°48W cap 94° 8h30 TU-2

110 milles en 23 heures

 

Salut Marcel,

mon IRIDIUM est allumé pourras-tu faire un essai de m'envoyer un SMS, et je ferai un essai de te répondre, je ne suis pas du tout familier de ce type de manip.

Mon n° IRIDIUM : 88 16 31 63 73 99  (ou 00 88 16 31 63 73 99 avec deux zéros ?)

 

Salut Marcel,

Je crois que j'ai cafouillé la 1ère fois en tapant ton numéro sur mon téléphone satellite, mais là apparemment c'est passé, tu me le confirmeras.

Ce matin, le vent est tombé, comme hier matin, puis il est revenu progressivement, et en ce moment je suis entre 5 et 6 nœuds, donc ça devrait le faire pour demain après midi.

As-tu imaginé une manière de procéder ? Je dois dire que j'angoisse un peu à l'idée de manœuvrer Indeed comme un petit Optimist pour aller poser mon ancre au milieu des autres voiliers...

Je te préviens une demi-heure avant d'arriver, et tu viens me donner un coup de main avec ton annexe ? Et même si c'est possible, tu me traines jusqu'au ponton visiteurs ?

Je peux te dire que j'ai hâte de poser un pied sur la terre ferme !  Eoliane est arrivé ?

38°22N 31°12W cap 90° 14h20 TU-2

 

Eoliane est arrivé lundi après-midi.

 

Mardi 16  juin – 23ème jour

Salut Marcel, salut Olivier et Annie,

Ah les Eolianes je vous envie, vous venez de passer une nuit au calme ! En fait de mon côté j'ai passé une nuit normale, mais ne pas mettre le minuteur, ne pas se lever, ne pas rectifier le cap, ne pas guetter l’horizon... ça me fait rêver !

Je me suis levé tout à l'heure à 7 heures après une sieste, comme d'hab' le vent en avait profité pour tourner de 15° !

Rectification de cap, je me retrouve au près, mais ça avance, 5,5 nœuds. Je n'ose pas pronostiquer d'heure d'arrivée, dans l'après-midi entre 16 et 18h TU-1 ?

Marcel, tu ne m'as pas dit, Horta est en heure TU ou TU-1 ?

À tout à l'heure.

Didier

Didier,

Tu as de la chance d'avoir été en mer, le ciel était certainement plus clair qu'ici, grosse pluie le matin ; mais on avait cela aussi en mer depuis quelques jours. Quand tu arriveras, tu verras sans doute l'ile chapeautée par des nuages. On ne la voit pas de très loin.

Pour l'arrivée, à part le courant contraire nord-sud de marée descendante, absolument aucun problème. La rade est grande, largement la place pour manœuvrer, et si problème tu te laisses repartir au portant vers l'extérieur...

Hier peu de vent dans la rade pour l'arrivée (bien abritée), donc avec la motorisation en stéréo que tu auras, aucun problème pour t'amener au ponton d'accueil, facile d'accès.

On te verra avec ton AIS, mais appelle aussi en VHF ou SMS comme convenu avec Marcel. Je vais préparer l'annexe.

Conclusion : no stress and enjoy !

Olivier

Midi, j’ai aperçu le sommet du volcan de Pico et la pointe Nord-ouest de l’île de Faial, à 25 milles, j’arrive. Des dauphins viennent me voir de temps en temps depuis hier.

 

Et puis tout va se détraquer quand j’arrive à quelques milles de l’île de Faial, avec le port de Horta en vue. Le vent tombe, tombe, tombe. Dans l’après-midi, il reste par moments 4 nœuds de vent, 5 nœuds… Indeed se traîne lamentablement, il va faire par moments des pointes à 0,8 nœud !

C’est un vrai supplice, car je sais que je suis attendu. Va démarrer un échange formidable de SMS sur le téléphone satellite avec Adelcar et Eoliane, et ça va me permettre de tenir le coup. Puis nous allons être à portée de radio VHF, au début ils m’entendent, mais je ne les entends pas, puis ça s’arrange.

Le vent revient faiblement, le bateau va-t-il repartir ? Non, car le courant de marée descendante s’y met, qui vient du chenal entre Faial et l’île de Pico ! Sous les yeux j’ai la vitesse surface indiquée par le speedo du bateau, 3 nœuds, et la vitesse fond indiquée par le GPS, 1 nœud : je constate, horrifié, que j’ai 2 nœuds de courant contre moi !

Je regarde l’heure, je suis passé en heure TU, je veux arriver avant le crépuscule. Je persiste, je continue à régler les voiles pour gagner 0,1 nœud, pour gagner 3 degrés de cap. L’étale de marée est à 19h30, le courant de marée finit par faiblir, enfin. Vers 19 heures, j’avance à nouveau, 2 nœuds, 2,5 nœuds, 3 nœuds.

Je longe la digue du port de Horta, les copains suivent mon parcours depuis plusieurs heures avec l’AIS, et je vois Olivier sur son annexe dépasser la jetée, puis Marcel sur son annexe, je suis sauvé !

Je rentre dans le port à la voile, puis les 2 annexes vont me tracter vers le quai. J’affale la grand voile, je mets des amarres, à 20 heures je suis installé à couple d’un gros voilier, et Mathieu du catamaran Raphyo est venu nous donner un coup de main.

 

Aussitôt un apéro de ponton s’organise, j’avais mis au frigo une bouteille de Porto en prévision de l’arrivée. Plusieurs équipages se retrouvent, Raphyo, Trezou Gwenn, Mister Fizz, et puis bien sûr Eoliane et Adelcar. J’ai un mal de terre épouvantable, le quai tangue !

Nous partons chez Peter, le mythique bistrot de Horta. Depuis des dizaines d’années, un passage chez Peter est un rite obligé après une transat, après un tour du monde. Il y a une ambiance très pub irlandais, des fanions de voiliers couvrent les murs et le plafond, un accordéoniste joue des airs irlandais, suivi par un guitariste, tout le monde reprend les airs.

On réserve une table pour manger, avec Marcel, Olivier, Annie, Guillaume et Priscille de Mister Fizz. Purée de patates douces à la cannelle, pavé de bœuf fondant, je me régale.

En rentrant, à 1 heure du matin, je retrouve la peinture de Balum sur le quai, elle date de juin 2004. Elle est presque effacée, mais encore déchiffrable.

Je vais me coucher, heureux.

Le lendemain matin, Mathieu vient à bord d’Indeed, c’est un chasseur sous-marin, il plonge sous le bateau avec son opinel entre les dents et ressort quelques minutes plus tard avec cette saleté d’amarre qui m’a un peu gâché mon plaisir ! Merci Mathieu.

 

Il me reste à profiter des Açores, il fait frais, la nature est magnifique, l’ambiance sur les pontons est formidable. Il y a énormément de voiliers, et tous arrivent des Antilles, des Bermudes, des Bahamas, d'Afrique du Sud, de Thaïlande ou du tour du monde. Chacun fait sa fresque sur les quais, après avoir trouvé un endroit disponible. J’avais découvert cette tradition avec Balum il y a 11 ans, et je suis toujours aussi ému en contemplant ces œuvres, parfois ces chefs d’œuvre. Je vais m’atteler à réaliser ma petite fresque, mais vous verrez le résultat au prochain épisode.

 

Dans quelques jours, je repars, direction l’île de Sao Miguel à 150 milles d’ici, pour retrouver Dominique et Patrick qui arrivent en avion le 23 juin : la deuxième partie de la transat, direction Douarnenez, ce sera une croisière  en équipage, eh oui !

à Horta, à bord d'Indeed, jeudi 18 juin 2015

J'ai dans l'âme une odeur marine,

Odeur de large, odeur de plage, odeur de ports,

De vieux ports goudronneux et saurs où la marée

Délaye lentement l'ombre des grands navires...

Odeur des goémons aux capsules dorées,

Chevelures d'ambre, algues que je sens encor

Glisser, vivantes, sur ma bouche et ma mémoire…

  

Roger Dévigne – merci Pierre !

Allez voir la page "Les îles perdues", on y parle de ce livre superbe, un bel objet. Et aussi de Tintin !

 

Les bonus vidéos

INDEED en mer d'Iroise

Quelques images d'Indeed dans les îles de la mer d'Iroise, avec le dauphin Randy à l'île de Sein en invité surprise.

Transat retour Açores - Bretagne :

Ambiance de la transat retour Açores-Bretagne, dans le carré, sur le pont ou devant l'étrave, il y a toujours quelque chose à voir.

Indeed au Royaume de Redonda - Une île déserte, et pourtant elle a un roi depuis le 19ème siècle. Une drôle d'escale.

Petite Terre - Sargasses, iguanes et barracudas -  Une réserve naturelle très protégée au sud-est de la Guadeloupe.

 La vie du récif des îles de Gwadloop - Un vrai bonheur de plonger sur le récif - un bonheur ? Non, un enchantement !

un clic et c'est parti sur Youtube

Les dessous d'Indeed, tout ce que vous avez toujours voulu voir d'Indeed sans jamais le pouvoir, parce que vous avez peur de mettre la tête sous l'eau !

un clic et c'est parti sur Youtube

Serpents de mer et colibris - le bonheur de voyager sous les Tropiques, c'est de contempler des animaux qu'on ne connaissait que dans les livres ou au cinéma, dans l'eau, dans l'air, sur terre.

un clic et c'est parti sur Youtube

Quelques vues du Carnaval des écoles à Trinidad & Tobago.

un clic et c'est parti sur Youtube

 INDEED et les dauphins, un rêve marin en vidéo en un clic.

Allez aussi voir les journaux de bord du mois d'août 2014 : Molène, Le Port Rhu, les Glénan...

"Favet Neptunus eunti" : "Neptune est favorable à ceux qui voyagent" !

Rue du Treiz à Douarnenez

48°05' Nord / 4°20' Ouest