Les petites Antilles, tranquille

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 Résumé des épisodes précédents :

après une belle virée dans les Grenadines, le captain avait posé Noëlle à l’aéroport de Trinidad, ensuite il avait largué les amarres du quai de Chaguaramas pour remonter vers Grenade, puis l'île de Carriacou, pour poser l’ancre dans Tyrrel Bay, une baie reposante et sûre.

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Jeudi 12 mars : aidé de Marcel et Yveline, de Fleur de Sail, je conduis Indeed au petit chantier naval de Tyrell Bay, à Carriacou. Il y a du vent, mais la manœuvre est impeccablement menée par l’équipe du chantier, et toute la semaine passée ici, j’apprécierai leur précision et leur calme, qualités importantes quand on sort de l’eau des bateaux qui pèsent parfois jusqu’à une vingtaine de tonnes. Indeed est positionné entre 2 pontons, le grand chariot élévateur, le « travel lift », se positionne au dessus de lui, les marineros passent des sangles sous la coque, en un quart d’heure le bateau est sorti de l’eau puis conduit vers une aire de béton cernée de rigoles qui récupérent les déchets ; là, INDEED est décapé au karcher, et il en avait bien besoin : des vers marins ont déposé des réseaux de calcaire sous la coque, et l’ont transformée en papier de verre pas très hydrodynamique. Ils finissent par gratter cette surface agressive avec des espèces de pelles à charbon dont ils aiguisent le tranchant. Opération rondement menée, il était temps. Plus moyen de se baigner sous le bateau sans se faire arracher la peau, et du coup je ne pouvais plus nettoyer l’hélice, ni les orifices d’aspiration d’eau pour le refroidissement du moteur, qui commençaient à être à moitié bouchés.

Dernière opération : Indeed est convoyé vers le terre-plein, où on le cale avec des étais et des rondins de bois. Là ils pourront préparer la coque à recevoir la peinture anti-algues, « l’antifouling ».

Dès le lendemain matin, je rejoins avec mon dinghy Marcel et Yveline à bord de Fleur de Sail, ils ont également décidé de faire caréner leur bateau, et je leur donne un coup de main, un prêté pour un rendu. Du vent encore, mais manœuvre propre comme d’hab’. Indeed et Fleur de Sail se retrouvent bord à bord,  posés à quelques mètres l’un de l’autre.

Et cette semaine au sec va être très agréable. Sur la zone du chantier, il y a les bureaux de la douane, il y a une petite épicerie-shipchandler, il y a des douches, et il y a même un snack qui nous servira des hamburgers frites « maison » ; on va y retrouver d’autres équipages qui viennent là pour le plaisir, ou pour avoir un accès WIFI, ou qui viennent faire des courses à la petite épicerie.

Pas facile de faire la cuisine dans un bateau posé sur un échafaudage, pas d’eau, pas d’évier, alors nous allons tester plusieurs des petits restaus qui sont au bord de la baie. On fera également des tests comparatifs de piñas coladas, bien sûr !

J’avais exploré la mangrove de Tyrrel Bay avec Noëlle il y a quelques semaines, on refait la même expédition à trois, dans la belle annexe de Fleur de Sail, et l’expédition se termine par une baignade avec masques et tubas.

Cette semaine de voisinage sera joyeuse, mais tout a une fin, la peinture sous-marine d’Indeed est prête, et Edwin, le patron, m’annonce la remise à l’eau pour le mercredi 18 mars.

Tout compte fait on annule, Fleur de Sail est suspendu sous le « travel lift » pour pouvoir travailler sur sa dérive pivotante, elle a tendance à balloter et à taper en mer, les patins de nylon sont apparemment usés, il faut les changer.

 

Jeudi 19 mars, 11 heures, Indeed retrouve l’eau salée, et je pose à nouveau mon ancre dans la baie. Je nettoie le pont, après cette semaine passée dans un chantier poussiéreux, je range le bazar, je me prépare à partir pour remonter vers le nord.

 

Fin d’après midi, Marcel et Yveline arrivent sur leur annexe, je les invite à bord pour une dernière bière « Carib », et là Marcel me dit qu’il m’achèterait bien mon bateau ! Indeed a pour lui toutes les qualités dont il rêve pour un bateau de voyage. Depuis plusieurs jours, on plaisantait à ce sujet, mais ça le travaillait… Son bateau est un peu plus petit qu’Indeed, et il a eu quelques soucis depuis leur départ de France : une voile déchirée, un pilote automatique de barre franche qui était parfois débordé, la dérive qui cognait dans son puits… Indeed n’a pas tous ces soucis, il est bien équipé, et puis il est plus grand, plus logeable pour un couple ! Je prends note, ça mérite réflexion. La conséquence serait pour moi un retour en avion, pas de transat retour, mais l’avantage serait une vente simplifiée, à une époque où vendre son bateau est parfois une opération longue, très longue. Rien n’est décidé, pour le moment la transat retour est toujours à l’ordre du jour.

 

Vendredi 20 mars, le réveil sonne à 5h du mat’, courageusement j’émerge, café au lait, tartines.

6h15, je guette le ciel, on y va. Je remonte l’ancre, je commence à me diriger vers la sortie de la baie et 2 minutes plus tard, l’averse est là… Je mets mon ciré, ça faisait longtemps ! Je me dirige vers l'île de Bequia, dans les Grenadines de St Vincent. J’ai exploré cette île très jolie avec Balum il y a 11 ans, et je suis très content de la retrouver, et très content aussi de recroiser la route de Balum aux Antilles.

Les 2/3 du trajet se feront avec des grains intermittents, et du vent presque dans le nez, alors qu’il était annoncé presque au travers. Donc moteur pour aider les voiles…

 

BEQUIA

16 heures, je pose mon ancre dans la jolie baie de Port Elizabeth de Bequia, et je repère tout de suite MaBanga, le beau bateau de Martial et Françoise que nous avions rencontrés avec Raphaël, à Lanzarote, puis longuement à Las Palmas de Gran Canaria, en août 2013.

On avait gardé le contact : Martial avait fait la transat l’année dernière avec 2 amis, puis Françoise l’avait rejoint aux Antilles, mais là, aux Saintes, catastrophe : lors d’une balade à terre, Françoise glisse sur un sentier caillouteux et se fait une très mauvaise fracture. Hôpital, rapatriement en métropole, opérations, rééducation, un an après Françoise en est à peine remise.

Je mets l’annexe à l’eau et je vais les saluer ; ils m’invitent à dîner à bord, et la soirée va être très agréable, on se raconte nos aventures tout en mangeant un excellent poisson grillé.

Dès le lendemain matin, samedi 21 mars, ils partent vers les Tobago Cays, le temps s’annonce calme. De mon côté je m’installe ici pour quelques jours et vais faire mes formalités d'entrée. Au passage, je vais leur souhaiter bon vent.

Le tourisme s’est développé ici, depuis mon dernier passage : des petites boutiques, des vendeurs de fruits et légumes, des petits bistrots, des boutiques de souvenirs, mais l’ambiance est restée tranquille, pas de musique bruyante, pas de voitures pétaradantes, ça me donne envie de flâner, de me promener.

 

Je règle l’étape « clearance » avec des douaniers affables et efficaces, je fais mes courses au marché, tomates, bananes, je retourne au bateau. Je me prépare à manger, et je n’aurais pas dû… Je ne sais pas quel sera l’ingrédient fautif, des tomates sales, des yaourts du frigo, ou autre chose, mais je me fais une bonne intoxication alimentaire. Le dimanche je me soigne, et je fais de grosses siestes : ça ressemble à une énorme grippe, je me sens fiévreux, courbatu…

 

Lundi 23 mars : je décide de rallier la Martinique, et je programme mon départ pour 18 heures. Annexe, papiers, je vais m’occuper de ma clearance de sortie, et le douanier me dit que j’ai 24 heures après la date écrite sur la feuille. Non non, je suis décidé.

 

je retourne au ponton des annexes et je manque de passer à l‘eau ! En fait je suis complètement confus : je croise une famille de voileux rencontrée à Madère puis aux Canaries, et j’ai dû leur présenter l’apparence d’un zombie

Retour au bateau, sieste. A 17h30, après mûre réflexion, j’annule mon départ, et je vais me coucher.

 

Mardi 24 mars : à 10 heures du matin, je lève l’ancre, beau temps, bon vent. Je mettrai 24 heures pour arriver : Bequia, St Vincent, Ste Lucie, et enfin le port du Marin au sud de la Martinique ;  bonnes navigations à la voile entre les îles, voiles et moteur en longeant les îles qui me masquent l’alizé. La nuit, je ferai des petits sommes d’une demi-heure, à peu près satisfaisants. La dernière matinée sera humide, les grains vont se succéder à une cadence effrénée après avoir quitté l’abri de l'île de Ste Lucie.

 

En Martinique

Mercredi 25 mars, j’arrive au Marin en ciré, eh oui, comme en Bretagne, sous une pluie battante. Je suis venu ici en décembre 2003, et c’était une énorme marina, une des plus grandes des Antilles. En 2015, elle est encore plus grande, ils ont ajouté plusieurs pontons ! Effarant. Mais l’accueil est de qualité, deux marineros m’aident à me caser sur un ponton à quelques mètres de la mangrove. A la capitainerie, Les formalités vont être réglées vite fait, et dans la bonne humeur.

Et la clearance est un modèle du genre : on m’installe devant un ordinateur, le formulaire est à l’écran, je tape mon nom, le nom du bateau, les renseignements habituels, on imprime, je mets ma signature au bas de la feuille qu’on me donne.

Et c’est fini ! Durée de l’opération, 5 minutes. Si mes douaniers brésiliens voyaient ça…

 

Retour au bateau, ces 24 heures de voile n’ont pas réglé mon problème, et je suis toujours complètement dans le cirage. Je reprends ma sieste, mais j’ai un mal à l’estomac lancinant qui m’empêche de bien dormir. Je suis dans l’état qui nous avait cloués, Claude et moi, dans notre chambre d’hôtel à Bélem au Brésil, 36 heures à crever de chaud ou à grelotter de froid avec le ventilateur au plafond ou la clim…

 

Jeudi 26 mars, je prends rendez-vous avec un technicien pour traiter mon problème d’anémomètre ; depuis que j’ai acheté Indeed, en janvier 2014, l’anémomètre est trop optimiste, ou trop pessimiste, c’est selon… Il affiche 12 nœuds de vent quand il y en a manifestement au moins 20, et il affiche 20 nœuds quand il y en a entre 30 et 40 ! Il vient demain matin, 8h30.

 

Je dois régler un autre problème, mon état comateux. Je trouve une pharmacie, et la pharmacienne m’envoie illico chez le médecin. Je rencontre une doctoresse martiniquaise absolument charmante, qui me palpe, m’interviewe et me fait une prescription qui va me faire de l’effet, j’espère ! Elle m’a diagnostiqué une inflammation de l’intestin. Retour à la pharmacie, je fais mon stock de médicaments, et retour au bateau pour la sieste.

Dès le lendemain, mon état va s’améliorer, ouf !

Samedi 28 mars : je suis en train de bricoler sur le pont du bateau, je vois arriver quelqu’un sur le ponton, tiens, une silhouette connue, mais après quelques secondes, ben ça alors, c’est Marcel de Fleur de Sail ! Je pensais qu’ils étaient peut-être encore à Carriacou au chantier, mais non, ils en sont partis le lendemain de mon départ, ils sont allés faire des plongées magnifiques à Sandy Island, aux Tobago Cays, puis, après un stop dans une petite baie de Bequia, ils viennent d’arriver ici, au Marin, où ils se sont mis sur une bouée.

Le soir on mange dans un excellent petit restau, le « Punch » ; pour cause de convalescence gastrique, je demande quelque chose de léger, le serveur m’apporte un filet de loup grillé avec une purée fondante, magnifique !

Marcel s'est renseigné sur les possibilités de vente de son voilier aux Antilles : ici il n'y a pas beaucoup d'acheteurs alors les prix sont cassés. Il est préférable pour lui de le vendre en métropole. L'hypothèse "achat d'Indeed" est repoussée à plus tard, on verra...

 

J'explore la Martinique

Mardi 31 mars : je me suis loué une voiture pour 4 jours, objectif : explorer la Martinique, des coins vus ou pas vus il y a 11 ans, lors du passage de Balum ici.

Je récupère la voiture à 9 heures du matin, et je me dirige vers la presqu’île de la Caravelle, au nord-est de l’île. C’est l’ambiance tropiques, cocotiers, arbres de fer et flamboyants, et en même temps la Martinique a un côté familier que je mets un petit temps à analyser : pas de volcans escarpés et pelés, mais plutôt des collines douces, des « mornes » comme on dit ici, des champs herbus, des plantations de canne à sucre qui évoquent des champs de maïs, par moments je me croirais dans le Poitou !

La presqu’île de la Caravelle m’évoque, elle, la Côte d’Azur il y a cinquante ans, d’autant plus que j’ai la chance d’avoir un temps parfait, mer belle et petite brise. C’est vraiment un « coin à touristes », des vues magnifiques sur les îlets à chaque virage, de jolies plages ombragées avec petits bistrots typiques sous les cocotiers, mais tout est paisible, peu de monde, pas d’agitation, pas de musique envahissante, tranquille.

Mercredi 1er avril : j’affronte les embouteillages assez gratinés de la Martinique, et j’arrive dans le centre de Fort de France : je me trouve un parking à étages, et je pars le nez au vent dans les petites rues très animées, le marché couvert, les boutiques en tout genre, la place de la Savane, la librairie antillaise ; mais le but de ma visite c’est le musée archéologique : je veux en savoir plus sur les Arawaks et les indiens Caraïbes, ceux qui étaient là avant Christophe Colomb. Je ne suis pas convaincu par les choix « muséographiques » de ce musée où on m’explique tout sur le métier d’archéologue, alors que moi je veux des infos sur les Arawaks ! Les Arawaks étaient les premiers, ils ont été mangés par les indiens Caraïbes qui ont été mangés par Christophe Colomb et ses camarades… Mais je découvre avec étonnement les mots que nous ont légués ces premiers occupants de la Caraïbe, des mots comme colibri, ouragan, ananas, tabac ou manioc.

Il y a 2 ou 3 ans, Claude la parisienne m’avait conseillé un bouquin formidable d’un auteur martiniquais, Patrick Chamoiseau, « Les 9 consciences du malfini » ; le malfini du roman est un rapace qui va être confronté à un minuscule colibri, c’est un conte initiatique assez singulier. Et j’étais resté sur l’idée que ce nom « malfini » avait été choisi par l’auteur parce que ce rapace était mal fini, pas bien terminé en quelque sorte…

Pas du tout ! Je découvre sur un panneau du musée que le « malfini » dans la langue Arawak,  c’est un jeune faucon !

 

Jeudi 2 avril : j’avais un joli souvenir, mais un souvenir un peu flou, des jardins de Balata il y a 11 ans, sur les hauteurs au nord de Fort de France. J’y retourne, et là je suis ébloui ! Je suis accueilli dès l’entrée par un vol de colibris, puis je me laisse guider ensuite sur un chemin bien balisé qui tournoie au milieu d’innombrables espèces d’arbres exotiques, de toutes sortes de palmiers, de buissons de fleurs de paradis ou de porcelaines, un vrai bonheur. La vue porte jusqu’à la baie de Fort de France au dessus des collines boisées, et pour en profiter un peu plus, j’emprunte des ponts suspendus à 30 ou 40 mètres de hauteur à la cime des arbres : ces ponts, façon passerelles de lianes, oscillent et balancent à chaque pas, l’impression est saisissante et magnifique !

Vendredi 3 avril : dernier jour de location de la voiture, je longe la côte vers le fameux rocher du Diamant, je prolonge ma route vers les anses d’Arlet où je compte revenir par la mer, encore un coin touristique tout tranquille, et en fin d’après-midi je rejoins le cap Chevalier, sur la côte sud de l’île, en passant par une piste, où je vais trouver des bouts de côte submergés de sargasses, ces algues frisottées dont je parlerai plus loin.

 

Weekend nettoyage, lessive, brossage des pare-battages, rinçage du pont, les pleins d’eau… et coupe de cheveux bien courte pour le captain ! Ma coiffeuse est charmante, et bavarde comme il se doit. Et nous parlons du temps, bien sûr.

 

Il y a 2 saisons en Martinique : de fin novembre à mi-juin c’est la saison sèche, le « Carême », et de juin à décembre c’est la saison pluvieuse, « l’hivernage ». Mais tout fout le camp, mon bon monsieur, depuis quelques années : Il pleut pendant le Carême !  D’autres martiniquais m’ont déjà parlé du temps qui se détraque : trop de vent, trop de grains…

Et puis la nouveauté cette année ce sont les sargasses qui ont envahi la Caraïbe. On connaît tous la mer des Sargasses, cette zone, au nord-est des Antilles, crainte par les anciens navigateurs pour ses périodes de calmes persistants, où se développent ces algues nommées « sargasses ». Mais jusqu’à cette année, ces algues restaient chez elles ; depuis plus d’un an, sans que personne sache pourquoi, elles ont envahi la mer Caraïbe, et surtout les plages. Là le breton que je suis imagine la suite ! Dans le Finistère nous avons les trop fameuses « algues vertes » qui s’amoncellent en couches épaisses sur les grèves et pourrissent au soleil. Même scénario dans toutes les îles antillaises, où, comme en Bretagne, la réaction des autorités a été longue à venir. Il y a d’abord eu l’odeur détestable, qui continue en ce moment  à polluer des sites charmants, mais il y a eu des conséquences plus inattendues : les maisons proches du bord de l’eau ont vu leurs appareils électroménagers rongés par les émanations délétères des algues pourrissantes, de l’hydrogène sulfuré, beaucoup de postes de télé sont devenus inutilisables, et comme ce drame n’a même pas été déclaré catastrophe naturelle, me dit ma coiffeuse, rien n’a été remboursé… Et est-ce vraiment inoffensif pour les personnes ? Les autorités ont déclaré bien sûr que c’était sans danger. Et là le breton se souvient des chevaux et des sangliers retrouvés morts sur les plages envahies d’algues vertes du nord Finistère…

Plusieurs mois après le début de cet épisode, les municipalités ont commencé à ratisser les plages, mais on n’en a pas trop parlé, de peur de faire fuir le touriste…

Ce qui est sûr, c’est que la nouveauté n’a pas pu échapper aux touristes navigateurs ; depuis Trinidad je croise en mer des plaques plus ou moins importantes de ces algues, parfois ce sont des algues éparses, et ailleurs ce sont des tapis de quelques mètres de large et de plusieurs centaines de mètres de long, de longs rubans qui sinuent avec les courants.

Lundi 6 avril, je décide de partir, la météo est encourageante pour les jours à venir. Les Antilles présentant la forme d’un arc, la partie inférieure de l’arc est mal orientée par rapport au vent moyen de nord-est, mais à partir de la Martinique, la situation s’inverse, la partie supérieure de l’arc est mieux positionnée : fini le près serré aggravé par les courants, pour monter vers la Guadeloupe et St Martin ce sera enfin une allure de travers et même de largue.

Habituellement, vers le mois de mai, le vent s’établit progressivement à l’est, voire au sud-est, ce qui devrait me faciliter, en mai-juin, la remontée vers les Bermudes, puis les Açores.


Après une nuit passée accroché à une bouée dans les anses d'Arlet, et un passage obligé dans l'anse Dufour, je m'installe au sud de la baie de St Pierre, et d'excellents souvenirs me reviennent, lors de mon passage ici à bord de Balum, il y a 11 ans.

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7 d'un coup !

Pêche miraculeuse !

10 heures du mat’, je suis toujours au mouillage à St Pierre, tout à coup un drôle de bruit, 7 sardines sautent à bord ! Elles devaient être pourchassées par un prédateur, elles se sont dit qu’à bord d’Indeed elles n’avaient rien à craindre… Elles bondissent dans tous les sens dans le fond du cockpit, je les attrape, ah on ne pourra plus dire que je ne pêche pas !

11h30 je lève l’ancre, et je prépare mes sardines en route ; ce n’est pas vraiment cette partie du boulot que j’aime, couper la tête et la queue, rincer, étriper… Mais je les fais griller dans un peu d’huile d’olive avec des fines herbes, et je me les sers avec une noisette de beurre frais et quelques gouttes de vinaigre balsamique : un régal !

16 nœuds de vent annoncé, mais j’en ai au moins 25 pendant toute la traversée entre la Martinique et l’île de la Dominique, avec des grains qui se succèdent, on s’habitue…

Puis en début de soirée, à l’abri de l’île de la Dominique, le vent faiblit, la mer se dégonfle, et je ralentis enfin, une fois de plus j’allais arriver trop vite ! Je largue les ris, je déroule le génois, et la nuit tombe doucement. Réveil réglé sur 30 minutes, je démarre mes petits sommes.

Mais une fois passé l’île de la Dominique, ça repart, 25 à 30 nœuds ! Ça va durer encore jusqu’aux Saintes, et là, alors que les premières lueurs du jour apparaissent à l’est, enfin le vent faiblit, 18-20 nœuds ; j’ai laissé 2 ris dans la grand voile et un demi génois, je me traîne, donc j’arriverai à une heure ouvrable au Port de Pointe-à-Pitre !

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Le journal FRANCE-ANTILLES du 10 avril 2015 en Guadeloupe

En Guadeloupe

Au petit matin, je suis en approche de la rade de Pointe-à-Pitre, je commence à brasser les voiles, moteur en route, et je me rends compte qu’il y a un problème avec la barre, bizarrement dure, et avec le moteur qui tremble et vibre quand j’accélère. Il y a tellement de sargasses sur la mer que quelques unes ont dû se coincer et s’entortiller autour du safran et de l’hélice. Je fais les derniers milles prudemment, moteur au ralenti, et je pose mon ancre en face du « Carénage », une anse proche du centre ville de Pointe à Pitre.

Après une bonne sieste, dans l’après-midi je plonge sous le bateau, rien. Les manœuvres de mouillage ont suffi à décrocher les paquets d’algues.

Demain je rentrerai dans la marina Bas du Fort.

Jeudi 9 avril, 10 heures du matin : je m'installe à quai dans l’immense marina de Pointe-à -Pitre. Elle est immense mais découpée en plusieurs bassins, elle reste donc très accueillante et à dimension humaine. Le marinero me place à quelques mètres de la capitainerie, ce qui est commode, mais n’est pas obligatoirement la meilleure place ; vendredi et samedi soir, sur la terrasse du bistrot qui est à une vingtaine de mètres de mon cockpit, les musiciens viendront installer leur sono : concert les 2 soirs ! Le vendredi soir c’est bien, mais le samedi c’est un peu nul…

La capitainerie est décorée des portraits de tous les vainqueurs de la Route du Rhum, la course océanique qui va de St Malo à Pointe-à-Pitre. Florence Arthaud, récemment disparue, avait gagné en 1990, première et seule femme à avoir gagné une transat. Une orchidée la salue.

 

Je m'occupe de ma « clearance », je fais un petit tour des pontons proches, et là, qui vois-je ? Marcel de Adelcar ! Sylvette m’a vu passer, a crû me reconnaître, mais oui, pas de doute ! Je pensais ne les retrouver qu’à St Martin : Sylvette rentrera en métropole en avion le 16 mai, et c’est avec Marcel que nous projetons une transat retour en escadre. 

 

En attendant, je compte profiter un peu de la Guadeloupe, puis je vais continuer ma promenade antillaise pour découvrir Marie Galante, pour retrouver les Saintes que j’avais explorées avec Balum, puis je ferai cap vers le nord-ouest et l’île de Redonda, un îlot perdu, un royaume inhabité au milieu de rien.

 

à bord d’Indeed, à Pointe à Pitre, dimanche 12 avril 2015

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Le carré d'Indeed

Allez voir la page "Les îles perdues", on y parle de ce livre superbe, un bel objet. Et aussi de Tintin !

 

Les bonus vidéos

INDEED en mer d'Iroise

Quelques images d'Indeed dans les îles de la mer d'Iroise, avec le dauphin Randy à l'île de Sein en invité surprise.

Transat retour Açores - Bretagne :

Ambiance de la transat retour Açores-Bretagne, dans le carré, sur le pont ou devant l'étrave, il y a toujours quelque chose à voir.

Indeed au Royaume de Redonda - Une île déserte, et pourtant elle a un roi depuis le 19ème siècle. Une drôle d'escale.

Petite Terre - Sargasses, iguanes et barracudas -  Une réserve naturelle très protégée au sud-est de la Guadeloupe.

 La vie du récif des îles de Gwadloop - Un vrai bonheur de plonger sur le récif - un bonheur ? Non, un enchantement !

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Les dessous d'Indeed, tout ce que vous avez toujours voulu voir d'Indeed sans jamais le pouvoir, parce que vous avez peur de mettre la tête sous l'eau !

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Serpents de mer et colibris - le bonheur de voyager sous les Tropiques, c'est de contempler des animaux qu'on ne connaissait que dans les livres ou au cinéma, dans l'eau, dans l'air, sur terre.

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Quelques vues du Carnaval des écoles à Trinidad & Tobago.

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 INDEED et les dauphins, un rêve marin en vidéo en un clic.

Allez aussi voir les journaux de bord du mois d'août 2014 : Molène, Le Port Rhu, les Glénan...

"Favet Neptunus eunti" : "Neptune est favorable à ceux qui voyagent" !

Rue du Treiz à Douarnenez

48°05' Nord / 4°20' Ouest