Indeed sous les tropiques – 29 novembre 2014

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Tenerife sous l'orage

Santa Cruz de Tenerife, 16 octobre. La météo depuis 2 jours est grincheuse : pluie torrentielle toute la journée d’hier, de la houle qui rentre dans la marina, l’eau du port couleur chocolat chargée de branches d’arbres et de résidus de rigoles rincées par la pluie, et aujourd’hui du vent qui fait siffler les haubans. Demain encore, après ça se calmera. Patience…

J’ai aidé Francis de Tho-Gaux à brancher l’AIS sur son ordinateur, aujourd’hui il est venu à bord d’Indeed avec son testeur électrique : je ne suis pas convaincu par l’efficacité de mon éolienne, et surtout de mon hydrogénérateur, cette hélice que je traîne dans mon sillage et qui fait tourner une dynamo pour recharger les batteries. Francis se contorsionne pour aller tester toutes les connexions, tout va apparemment bien, j’en arrivais à penser qu’il y avait des fils débranchés. Il ne me reste plus qu’à partir vers le Cap Vert, et à recommencer les essais en mer ! J’ai eu beaucoup de petit temps pour arriver ici, peut-être me faut-il un peu plus de vent.

Arrivée de Adelcar, Sylvette et Marcel ont fait une belle traversée depuis Madère. Marcel a déjà fait 2 transats en tant qu’équipier, il avait emporté et lu le récit du voyage de Balum ! Il m’a passé ses journaux de bords personnels de ses transats, et c’est une bonne illustration de la difficulté de vivre à 3 dans un si petit espace, pendant 33 jours sans escale. Un skipper pas sûr de lui, pas très fiable, des équipiers très compétents qui veulent faire d’autres choix tactiques, il n’y a pas eu de meurtre, mais l’équipage ne se parlait plus beaucoup à l’arrivée… C’est facile de naviguer en solo, pas d’engueulade, pas de contestation, pas de mutinerie !

Dimanche soir 19 octobre, grosse tuile, tuile stupide : je me préparais à faire un virement d’acompte pour réserver une marina au Brésil, je dois valider l’opération avec mon lecteur de carte bancaire, je cafouille dans la pénombre du carré, et je me trompe de code 3 fois de suite : carte bloquée !
J’envoie illico un mail à ma conseillère. Toute la journée suivante, je surveille ma messagerie, pas de réponse, j’espère que je vais pouvoir récupérer cette carte ou une autre neuve rapidement !
Mardi 21 après-midi, toujours rien. Je vais passer une heure au téléphone avec la banque à Quimper. On m’explique que ma conseillère est absente, et que personne ne récupère son courrier. Je serais mort de faim aux Canaries si j’avais attendu…
La dame me demande de lui dicter mon adresse, très longue, et elle n’entend pas l’espagnol : « Didier Damey, skipper del velero Indeed, marina Santa Cruz, darsena de los Llanos, muelle de Enlace, 38001 Santa Cruz De Tenerife, Islas Canarias… », elle finit enfin par me proposer de la lui envoyer par mail. Puis elle me suggère de passer à Quimper pour activer ma nouvelle carte ! Calmement je lui rappelle que je suis aux Canaries, en bateau, que je l’appelle d’une cabine publique. On respire.
Finalement la carte devrait arriver en fin de semaine. On y croit.

Mercredi 22, jeudi 23, vendredi 24, rien, samedi-dimanche pas de courrier, lundi 27 rien...

Je commence à être à court d’argent liquide, je vais changer des dollars US, mes réserves pour le Brésil, et je me programme une location de 2 jours de voiture, une petite Panda, pour le weekend.
Je profite d’être motorisé pour faire des grosses courses chez Alcampo (Auchan en version espagnole !), tout ce qui est lourd et encombrant comme les conserves et les boissons, et je trouve enfin chez Leroy Merlin une petite pompe pour transvaser mes jerrycans de fuel dans le réservoir du bateau sans polluer tout l’océan à chaque fois.

Je pars explorer les petites routes de montagne du nord de l’île, avec des surplombs vertigineux et des points de vue spectaculaires. Je me dirige vers La Orotava, une ville ancienne de la côte nord, et un excellent souvenir me revient, il y a 11 ans, avec Brigitte de Persévérance : on avait découvert par hasard une grosse maison du 17ème siècle, une drôle de boutique-restaurant-musée, un capharnaüm formidable où se croisaient des paons, des musiciens, des cuisiniers faisant rôtir de la viande en plein après-midi… Je retrouve, en la cherchant dans les rues hautes de la ville, cette “Casa de los balcones”, et il vaut mieux parfois rester avec ses souvenirs : le musée est devenu payant, on n’a plus accès au jardín, on ne peut que parcourir 2 ou 3 salles gardées par des vendeuses qui attendent le touriste allemand ou anglais de pied ferme.
San Sebastian de La Laguna, ou plus simplement “La Laguna”, est une grosse ville universitaire située sur un plateau qui domine le nord de l’île, et l’ambiance y est assez “chic”, un peu californienne ! Belles rues piétonnes, maisons aux boiseries qui débordent sur la rue, joggers et patineurs, boutiques de luxe. Je trouve l’entrée du parking souterrain du marché : des fleurs tropicales, des étals de poissons, des épices. Je m’achète des “papas”, ces petites pommes de terre nouvelles canariennes.

Le lendemain je pars vers Le Teide, ce volcan qui domine l’île de ses 3700 mètres. La route est belle, large, elle tortille dans une forêt assez dense, puis peu à peu l’altitude ne permet plus que des cailloux. Je longe la crête à plus de 2000 mètres, mais la brume sur la mer m’empêche de voir les îles voisines, Gran Canaria ou La Gomera. Les champs de lave nue prouvent que ce volcan n’est endormi que depuis peu de temps, la végétation ne s’est pas encore réinstallée.
J’observe les chasseurs locaux, ils sont nombreux, c’est weekend : sur leur camionnette, ils ont une cage grillagée, dedans 6 ou 7 chiens piaffent, des sortes de lévriers avec de très grandes oreilles pointues. Apparemment ils lâchent les bêtes, mais ils n’ont pas de fusils. Je n’entends aucun coup de feu. C’est déjà ça…

Je me trouve un restaurant avec terrasse, il y a du soleil mais je m’installe à l’intérieur, il ne fait pas chaud, on est à plus de 2000 mètres. Au menu un “rancho canario”, une grosse soupe avec pâtes, “papas”, viande et légumes, un “pollo al salmorejo”, poulet macéré dans l’huile d’olive et cuit en cocotte avec piment et ail, servi avec des “papas arrugadas”, une sauce pimentée avec même un petit piment rouge entier que je regarde avec méfiance, et en dessert un “quesillo canario”, un flan délicieux.

Je prépare mon départ vers les îles du Cap Vert, mais il me faut ma carte VISA, alors dès que je l’aurai, je ferai venir sur le quai le petit camion citerne pour faire le plein de fuel au tarif canarien (1€ le litre), et je dois faire les courses de produits frais avant de partir (tomates, salades, endives, yaourts, beurre…).
Je dois également me commander vite fait un tangon : j’en veux un pour tenir le génois bien écarté au grand largue, avec éventuellement la grand voile en ciseaux.

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C’est vraiment bien, la messagerie : j’ai appris récemment la naissance de ma petite nièce Madison, puis celle de Charlie, la petite fille de mon copain Nougat.
Lundi soir 27 octobre, conférence « Skype » à 3 points Lans-Salaise-Ténérife avec Maman, Agnès, René, Nancy, Guy, Tara, Marion, Luc et MS ! Et j’apprends que Raphaël va devenir grand père au mois de mai. C’est vraiment bien, Internet.

Soirées à bord de Adelcar ; Sylvette remontera en France dans quelques semaines, et Marcel compte partir en solo pour une transat fin novembre. On commence à envisager un rendez-vous à la mi-mai à Saint Martin aux Antilles, pour une transat retour en escadre, avec escale aux Bermudes.

Feuilleton « carte VISA » : mardi 28, rien, mercredi 29, rien… ça va encore repousser mon départ de plusieurs jours : sale temps annoncé ce weekend sur les Canaries, et un train de grosses vagues arrive de l’Atlantique nord.

À bord de Tho-Gaux, je vais aider Francis à régler ses problèmes informatiques : un virus semble avoir semé la pagaille dans sa machine, je suis invité à manger tout à l’heure, on fera le ménage sur son disque dur. Nicole et Francis sont des vrais cuisiniers : malgré l’exiguïté d’une cuisine de bateau, ils font des vrais plats mijotés ! Au menu, pâté de foie gras fait maison, gigot d’agneau avec pommes sautées, au dessert gorgonzola et roquefort, et du lambig de Fouesnant comme pousse-café !

Jeudi 30 novembre, toujours rien… La banque m’avait promis pour aujourd’hui une réponse à mon mail inquiet d’hier ; à 18h09 mon interlocutrice m’écrit que ma nouvelle carte VISA doit être dans ma boîte aux lettres à Quimper, eh oui.
Je rêve, ou plutôt je fais un cauchemar ! Ils vont me refaire une autre nouvelle carte, que je recevrai peut-être la semaine prochaine, ou à Noël... Heureusement que j'avais caché des dollars sous une pile de draps dans l'armoire normande de la cabine avant, autrement je serais en train de faire la manche sur les trottoirs de Santa Cruz.

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photo prise à Londres par Pierre et Michèle, mes sauveurs, quelques jours plus tôt : merci !

Je contacte par mail, puis par téléphone, mes amis quimpérois Pierre et Michèle, qui ont l’extrême gentillesse de surveiller ma boîte aux lettres. Ils arrivent tout juste d’une virée à Londres, Pierre passe chez moi, il y trouve la carte ! Il va voir la dame que j’ai contactée à ma banque, et ils se mettent d’accord : Pierre m’envoie par courrier cette carte, mais de toute façon la fabrication d’une nouvelle carte a déjà été lancée, je devrais donc en recevoir deux dans les jours qui viennent. Un tien vaut mieux que deux tu l’auras… ou l’inverse ?

Explication de ce n’importe quoi : La jeune préposée du service « cartes bancaires » de la maison mère de mon agence bancaire n'aurait pas trouvé la possibilité d'écrire une adresse aussi longue que celle de la marina, il n’y avait pas assez de cases sur l’ordinateur. Comme le supérieur hiérarchique et compétent n'était pas là, elle a pris la décision de choisir l'adresse la plus courte, mon adresse quimpéroise. Ben voyons…

Marcel et Sylvette me font profiter de leur voiture de location, ils m’emmènent faire des courses ; je trouve du contreplaqué mince qui va faire l’affaire pour réaliser des cadres de moustiquaires pour les hublots. En fin d’après-midi, on va à la fameuse plage de Santa Cruz, Las Teresitas, une immense plage totalement artificielle, constituée de sable du Sahara et pourtant magnifique ! Temps maussade, Sylvette et moi allons jusqu’à nous humecter les genoux, pendant que Marcel se baigne avec entrain.

Mardi 4 novembre, toujours pas de carte VISA.

Pour la deuxième fois ces jours-ci, je rencontre quelqu’un qui me parle de mon récit de voyage avec Balum il y a onze ans : Marcel avait « aspiré » mon site pour sa transat de 2011, et Michel de Avel Dro me raconte à peu près la même chose pour sa transat de 2009 ! Je suis évidemment très fier et très ému d’être lu par des vrais navigateurs, et pas seulement par des rêveurs terriens… Très fier, mais aussi un peu impressionné : j’espère que je n’ai pas raconté trop de bêtises, que je ne les ai pas induits à faire des choix hasardeux… Ce soir Je retrouve Marie-Jo et Michel à bord d’Avel Dro. Leur fille a fréquenté l’IUFM à Quimper en 1997, le monde est petit… Ils me racontent leur démâtage lors de leur dernière transat retour, à 4 jours des Açores, par beau temps et mer belle : un hauban avait cassé à cause d’un crochet d’acier défectueux. 2 ans d’allers et retours entre France et Açores, tractations avec les assurances et le fabricant, ils ont eu gain de cause, et ça ne les a pas dégoûtés, ils me racontent ça avec humour. Ils partent vers le Brésil, nous devons nous retrouver au Cap Vert, puis à Jacaré début janvier.

Jeudi 6 novembre : J'ai reçu ce matin un mail (automatique, je suppose...) qui me dit : "Votre contrat Carte Visa Premier est toujours en attente de signature depuis le 22 octobre 2014."
Et c'est signé de ma conseillère ! J’aime beaucoup le « toujours en attente »… Le coup de téléphone à ma banque, suite aux mails auxquels cette même conseillère ne répondait pas, c'était le 21 octobre...
Aujourd'hui jeudi 6 novembre, rien au courrier. Si demain vendredi les 2 cartes ne sont pas là, pas de courrier samedi-dimanche, ça repousse à lundi. Et là, peut-être que j'aurai enfin le fameux contrat à signer ! On respire...

Vendredi 7 novembre, je largue les amarres de Adelcar, Marcel emmène Sylvette et leur fille Caro vers le sud de Ténérife, puis vers l’île de La Gomera ; il compte démarrer sa transat en solo fin novembre. On se donne rendez-vous aux Antilles dans quelques mois. Bon Vent !
Avel Dro est parti avant-hier, Tho-Gaux compte partir ce week-end, il est vraiment temps que je décolle moi aussi, yenamarre.

samedi 8 novembre : toujours rien au courrier… Alain m’écrit de Nouméa que « ces aléas ne sont sûrement que des exercices qui (me) sont proposés pour parfaire (mes) capacités à accepter le moment présent ». Zen…

Depuis 2 jours, j’aide Francis à créer son site web de voyage. Hier soir vers 19 heures, on bricolait avec nos ordinateurs à côté de la capitainerie, là où le WIFI est efficace. Bernadette, la geek grenobloise (ma maman…), a vu que j’étais connecté, et elle m’a appelé sur Skype ! Un appel totalement inattendu et bien agréable, suivi d’un autre appel ¼ d’heure plus tard de Renato de Toulouse.
Ce soir, c’est Anne de Cassagnoles qui m’a appelé sur Skype. Quand on pense que « île » et « isolement » ont la même racine ! Moi, isolé ?

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Tho-Gaux quitte Santa Cruz

Francis et Nicole de Tho-Gaux partent demain matin vers Puerto de Mogan, sur Gran Canaria. Ils viennent de quitter le carré d’Indeed, on s’est donné rendez-vous aux fêtes de Cornouaille 2015 à Quimper. Ils projettent de caboter pour explorer toutes les îles des Canaries, avant de remonter vers la Bretagne au printemps, en passant par les Açores.
Dimanche matin 8 heures, je vais les saluer, avec les conseils de prudence convenus, car ça risque de souffler. Ils m’envoient un mail dès leur arrivée, le port est plein et les a refoulés, ils sont au mouillage au pied de la falaise.

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L'annexe de INDEED, avec son moteur hors bord comme neuf !

Je me retrouve dernier des mohicans, les copains sont partis. Du coup j’ai du temps pour bricoler. Je gonfle l’annexe, je veux contrôler mon petit moteur hors bord, j’avais essayé de le démarrer cet été, en vain. Je l’installe, et bien sûr il part au deuxième coup de lanceur. J’en profite pour rincer l’annexe, il y a encore du sable au fond, Cristyne et Lucas l’avaient sortie au mois d’août pour aller sur la plage de Saint Nicolas aux Glénan.
Je fabrique des moustiquaires pour les hublots : au Brésil il y a, paraît-il, le Chikungunya et la dengue, tous deux transmis par les moustiques, alors...
Je vais au marché couvert de Santa Cruz, grand marché du dimanche matin, mais là, en plus, c’est marché aux puces dans tout le quartier, clous rouillés, bouts de ficelle et machins indispensables.

Lundi 10 novembre. Comme chaque matin, je vais à la capitainerie confiant, je ressors atterré, et puis je retourne bricoler, je vais me balader, à quoi bon s'énerver ?

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Mana prépare son démâtage : un acrobate monte en haut du mât à mains nues !

Ce soir je vais à bord de Mana. Jean et Josyane sont des franco-monégasques, alors ils vont nous raconter (entre autres…) leurs rencontres de Steph’ de Monac’, dans la rue, à la supérette… Ils veulent « assurer-tour-du-monde » leur beau bateau, et leur assurance leur a demandé une expertise complète, bateau mis au sec, et pendant qu’on y est, changement de tous les haubans, donc démâtage… Ils en profitent pour bichonner leur yacht. Leur programme, c’est cap sur les Antilles, et après ils verront.

11 novembre, alléluia ! Enfin une carte bancaire arrive, et c’est celle envoyée par Pierre et Michèle, celle qui était dans ma boîte aux lettres quimpéroise. La 2ème, la nouvelle envoyée « en urgence » par la banque, n’est toujours pas là.
La carte va chauffer aujourd’hui : je m’achète des sous, je m’offre enfin un tangon sur mesure et je fais venir le petit camion citerne, 222 litres de fuel !
Dès réception du précieux bout de plastique, j’ai essayé de refaire le virement de réservation de la marina au Brésil, l’opération désastreuse qui avait bloqué ma carte : je réussis à activer le compte du bénéficiaire, mais le virement est impossible, même en réessayant plusieurs fois. J’envoie un mail à ma conseillère, 8 jours plus tard pas de réponse… Finalement Claude la parisienne me propose de faire ce virement, merci Claude.
Je regarde avec inquiétude la météo des jours qui viennent : quelque chose se forme au nord-ouest du Cap Vert qui ressemble à un début de dépression tropicale, le genre de machin qui peut tourner au cyclone quelques jours plus tard. Si je pars, c’est ce soir ou dans une semaine.
Et la 2ème carte n’arrive toujours pas.

J’ai hébergé pour deux nuits un couple de voyageurs à pied, Jonathan et Marion : ils veulent trouver un embarquement pour les Antilles, puis explorer l’Amérique centrale et l’Amérique du sud ; ils ont fait du bateau-stop depuis Essaouira au Maroc jusqu’à Lanzarote, puis Gran Canaria, puis ici. Ils sont partis pour un an, pleins d’énergie et de curiosité. Je leur souhaite bonne chance, mais ils ont pas mal de concurrents qui tournent sur les pontons, ici comme dans d’autres ports canariens. Non, je ne cherche pas d’équipiers, j’ai envie de faire la traversée seul, et puis je crains les compagnons de traversée avec qui ça peut mal se passer. C’est exigu un carré, on peut difficilement s’ignorer.

Bricolage du jour : j’ai récupéré une planche de bois genre teck, je l’ai sciée, percée, nettoyée pour installer et caler 3 jerrycans de 20 litres de fuel dans les filières tribord à l’avant du bateau. J’ai un peu tendance à trop charger l’arrière bâbord, je rétablis l’équilibre.

27ème jour. Samedi 15 novembre : la 1ère carte qui est arrivée est activée et opérationnelle, j'ai posté il y a une heure son contrat signé, j'avais trainé un peu pour l'envoyer, au cas où... Mais la banque m'avait dit hier qu'elle faisait opposition sur la 2ème carte. 
De retour au bateau, je consulte ma messagerie et j’apprends par ma banque, qui est définitivement réactive, rapide et efficace, que tout compte fait, il faudra détruire cette 1ère carte, et c'est donc la 2ème carte, celle qui n'est toujours pas arrivée, qui sera la bonne...
Donc je DOIS l'attendre !

Lundi 17 novembre, toujours rien. Je m’occupe. Amarré au ponton, je hisse la grand voile, je prends des ris et je fais des repères sur la drisse, je bricole…

Esperanza est parti hier vers Gran Canaria, Fleur de Sail est arrivé hier soir de Las Palmas, Axelle est parti tout à l’heure vers le Cap Vert, Tho-Gaux est revenu il y a 2 jours de Puerto Rico à Gran Canaria, Indeed prend racine.

 

Ce soir, à bord de Mana, je rencontre Daniel et Eliane de Lorelei. Ils ont construit eux-mêmes leur beau bateau d’une douzaine de mètres il y a 30 ans, coque en alu, bon marcheur. Mais ils rêvent maintenant d’un bateau plus moderne, avec une douche, avec plus de place pour accueillir enfants et petits enfants. A côté de Lorelei, Indeed est un vrai mobile home, avec son eau chaude et son chauffage dans chaque cabine.

 

30ème jour. Mardi 18 novembre. Pas de réponses à mes mails, direction la boutique « communications » sur la Plaza de España, je m’installe dans une cabine et je téléphone à la banque. Et mon interlocutrice m’explique que oui, il y a 3 jours elle m’a écrit que « la première carte ne serait pas renouvelée à échéance, il fallait attendre la deuxième », ça voulait dire que la première carte ne serait pas renouvelée en 2017 ! Pierre, de Quimper, me dira qu’il est passé à ma banque le même jour, et qu’il a trouvé Madame X « leslarmesauxyeux »…

19 octobre – 18 novembre, un mois pour récupérer une carte. Le bateau est prêt, je pars demain matin. Je laisse une enveloppe timbrée à mon adresse quimpéroise à « Marga » (Margarita …), l’adorable secrétaire de la capitainerie. Elle me renverra la fameuse carte envoyée « en urgence » (sic !) par la banque il y a maintenant 18 jours.

 

Je passe saluer tout le monde, j’annonce la bonne nouvelle, mais je mets du temps à faire retomber la pression, à me dénouer l’estomac. J’aurais dû partir il y a 3 semaines… Le soir apéro à bord de Fleur de Sail, ils me donnent une bouteille de sangria, ma première sangria en Espagne !

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cadeau de Francis : merci !

Mercredi matin 19 novembre 8h : Jean passe me saluer avec son parapluie, « un vrai temps breton », me dit-il. Nicole et Francis viennent me larguer les amarres avec un marinero et le capitaine du port. Francis m’offre un très beau cadeau, des bonbons Werthers Original’s avec écrit dessus « Merci… Maître », clin d’œil pour les moments passés devant ses 2 ordinateurs.
Je serais volontiers resté à Santa Cruz de Tenerife, j’avais bien trouvé mes marques ici, mais non, il faut que je bouge, même si la météo n’est pas parfaite. J’ai un rendez-vous au Brésil le 19 décembre, j’avais compté large pour le trajet, il ne faut plus que je traine, si je ne veux pas être en retard.

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de Ténérife à Mindelo

Cap sur les tropiques
Je quitte la marina sous une pluie intermittente, je sors le ciré. Temps de cochon, les nuages sont couleur charbon, les vagues assez désordonnées, mais ça avance. Je croise une tortue, la première du voyage.

J’arrive à Puerto Rico, au sud de Gran Canaria, la nuit tombe ; drôle d’accueil, il faut accoster contre un quai de béton agressif pour faire les formalités…
Une demi-heure plus tard, un marinero m’aide à m’amarrer l’arrière au ponton, il sort des « pendilles » de l’eau boueuse et nauséabonde du port, et tout le pont en profite. Berk.

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Puerto Rico, caricature de station balnéaire...

Je vais faire un tour à terre ; grands bruits d’eau, de pompes, de travaux dans l’obscurité : les averses ont déclenché des torrents de boue dans les rues, et ce n’est pas tolérable dans ce coin où le cœur de cible est le touriste scandinave, tendance 3ème âge et anglophone… Ici l’architecture canarienne touristique a frappé dans toute son horreur : sur des falaises désertiques on a construit des cages à touristes avec terrasse vue mer ; apparemment les promoteurs sont sans contrainte, pas d’harmonie, pas de choix esthétique, mais le plus important est là : la fausse plage en sable du Sahara, avec des centaines de fauteuils en plastique bien alignés.
Nuit de repos bienvenue. Je retrouve dans la matinée Jean-Paul et Dominique d'Esperanza, ils sont arrivés il y a quelques jours, et ils me proposent de partir pour l’archipel du Cap Vert dès le lendemain : la météo est plutôt favorable, et il ne faut pas trainer ici, ça va se détériorer dès dimanche. Je suis d’accord, c’est plutôt bien de partir à 2 bateaux, on essaiera de se joindre au large avec la radio VHF.
Pour fêter notre dernière soirée en Europe, Dominique nous emmène au resto dans une galerie marchande assez ahurissante : on est le 20 novembre, période pas très réputée pour le tourisme, eh bien nous arpentons cette allée géante à ciel ouvert sur 3 niveaux, et ça grouille de monde, il y a des dizaines de restaurants, des parfumeries, des vendeurs d’électronique, des boîtes de nuit, et même des rabatteurs vers les boîtes à striptease. La langue de base, ce n’est pas l’espagnol mais l’anglais. Effarant.

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Esperanza, cap sur Mindelo

Départ vendredi matin 21 novembre 9h, un bon petit vent nous permet de nous éloigner assez vite de Puerto Rico. Mais dans l’après-midi un grain nous rince, suivi d’une panne de vent. J’ai essayé de joindre Esperanza à la VHF toute la journée, en vain. A la tombée de la nuit, je les attends, ils me rejoignent, et là on peut se causer avec les VHF portables, apparemment Jean-Paul a un problème avec sa VHF fixe.
On se sépare en se disant « moteur à 4,5 nœuds », mais dans l’heure qui suit, le vent se lève, je prends un 2ème ris, je roule le génois de quelques tours ; la nuit va être très agitée, grosses vagues, vent que j’estime entre 20 et 25 nœuds avec des rafales.
En fait ma mesure du vent est assez pifométrique : mon anémomètre sous-estime de façon scandaleuse ma vitesse, et je le savais depuis des navigations à plusieurs bateaux cet été en mer d’Iroise. Jean-Paul me dira quelques jours plus tard à Mindelo qu’il a eu cette nuit-là au même endroit, sur son anémomètre, de 30 à 40 nœuds de vent…

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après le grain, l'arc en ciel.

Samedi 22 novembre. Au matin, je suis seul, j’ai perdu de vue très vite leurs feux de navigation dans les vagues et les grains.
Je n’ai pas dormi si mal que ça, mais j’ai gardé le harnais toute la nuit, même sous la couverture ! Il faut que je réduise encore les voiles. En fin de matinée, je me décide, ciré capelé, harnais crocheté, je vais ôter les rabans sur mon « solent », une petite voile d’avant que j’avais gréée jeudi après-midi en prévision du vent fort. Je roule complètement le génois, je hisse ce petit foc, et tout de suite je sens la différence, on va moins vite mais les mouvements du bateau sont plus doux. Deux ris dans la grand voile, solent à l’avant, le vent peut monter, je dormirai tranquille !

Dans l’après-midi, le vent baisse un peu, mais les vagues sont fatigantes, hautes et nerveuses.
17 heures, j’aperçois une voile derrière moi à l’horizon, pas d’AIS, serait-ce Esperanza ? Peut-être, mais je n’arrive pas à les joindre. La nuit tombe, je vois leurs feux, pas très loin. Mais non, apparemment ce ne sont pas eux.

Dans la nuit, un voilier anglais me rattrape, et m’agace… il me suit, puis se met à ma hauteur, à quelques centaines de mètres, à peu près à la même vitesse… On est loin de tout, et il vient juste à la bonne distance pour déclencher mon alarme AIS ! Je le surveille longtemps dans la nuit noire, puis je finis par aller dormir. A 7 heures du matin, il a disparu. Soit il s’est garé sur le bord de la route, soit il s’est suffisamment éloigné pour être invisible sur mes écrans. Les vagues, 2 à 3 mètres, me le cachent.

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Grand voile arisée et solent

Dimanche 23 novembre, 9 heures. Ciel nuageux, ciel à grains, le vent dépasse sûrement 25 nœuds, c’est bon pour la moyenne mais mes calculs me font arriver jeudi à 22 heures à Mindelo, alors il vaudrait mieux ralentir pour une arrivée de jour. Ou bien accélérer ?
Dans la journée, le vent se calme, et il devrait tourner au nord est. L’alizé s’établit, mais il peut être musclé, on verra ça.
Chaque jour, vers 16 heures, je branche le téléphone satellite et je charge un fichier de prévisions météo pour les jours à venir, pression barométrique, force et direction du vent, hauteur des vagues, tout ça sur une zone qui va des Canaries au Cap Vert. Les prévisions sont raisonnablement bonnes, vagues de 2 à 3 mètres, vent soutenu mais dans le bon sens, on ne peut pas tout avoir.
Les 2 premiers jours, la mer était forte, et le vent aussi, alors je n’étais pas très concentré, à part pour me retenir dans les embardées. Lecture d’un roman, visionnage d’une série américaine sur l’ordinateur, faire chauffer une conserve, c’était le maximum. Aujourd’hui, je commence à bricoler, à écrire, je m’installe dans la traversée. Le téléphone satellite me permet d’envoyer et de recevoir des mails ; dès demain j’enverrai quelques messages. Seul au milieu de l’océan, mais envie de causer.

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une vague qui déferle, parmi d'autres...

Mardi 25 novembre. Ce matin, je vais trop vite, j’aimerais que ça se calme, ma prévision me fait toujours arriver vendredi vers 2 heures du matin. Je n’arrive pas à ralentir, j’ai encore un peu roulé le génois mais je suis toujours au dessus de 5 nœuds, et par moments au-delà de 6...
Dans quelle disposition d’esprit serais-je si on me déposait tout à coup au milieu de ce champ de vagues, sans y avoir été préparé ? Je crois que je serais épouvanté. Ces vagues font plus de 2 mètres, certaines sûrement entre 3 et 4 mètres, et en plus elles ont le mauvais goût de ne pas être régulières, mais plutôt imprévisibles et chaotiques. De temps en temps il y en a une qui déferle juste en arrivant sur le bordé, Indeed dérape, gros coup de gîte, bruits de vaisselle dans les placards. On s’habitue à tout, bien obligé. Je regarde ces masses d’eau d’un œil furieux et indigné car elles me gênent pour ma sieste, j’essaie de les photographier, je guette mes premiers poissons volants, et puis j’oublie les vagues et je retourne à mon roman.

Mercredi 26 novembre. Toujours plus de 20 nœuds de vent, toujours une mer fatigante, toujours un sommeil difficile. Mais il fait beau. J’ai parcouru 625 milles nautiques, il m’en reste un peu plus de 200, j’approche.
En fin de nuit, les vagues se sont décidées à venir plus de l’arrière, plutôt que de ¾ arrière. Le dandinement de hanches du bateau, de tahitien qu’il était, redevient plus breton, moins gracieux mais plus supportable. Oui, mais le vent remonte, au-delà de 20 nœuds. Je n’arrive pas à ralentir, et je ne veux toujours pas arriver de nuit !

8 heures du matin, je sors pour faire mon tour d’horizon, et enfin j’en vois : une centaine de poissons volants décolle à quelques mètres d’Indeed, une escadrille en vol parallèle avec virages synchronisés sur le sommet des vagues. Depuis plusieurs jours, chaque matin j’inspectais le pont, à la recherche d’éventuels égarés, ça y est, mon premier exocet est là, sur le passavant bâbord, il avait crû échapper dans la nuit à une bonite ou un barracuda mais Indeed a interrompu sa fuite, désolé. Je le ramasse, photo, et il retourne à son élément, tout sec après quelques heures sur le pont. Soupir… Je sais que ce simple geste ne va pas améliorer ma réputation de pêcheur. Tant pis.

Je viens de charger les prévisions météo, opération laborieuse, il a fallu que je recommence 4 fois. Tout ça pour ça : demain c’est comme aujourd’hui, vent 20 nœuds, vagues 2,70 mètres. Et les services météo précisent que ça n’est qu’une moyenne, la valeur réelle peut être 50% supérieure : 2,70 + 1,35 = 4,05 m… Ça devrait enfin se calmer en approchant de Mindelo, vendredi matin, ouf !

19 heures, je constate que ma descente vers le sud rallonge un peu la durée du jour : à Tenerife à la même heure il faisait nuit, là c’est encore le crépuscule. La journée a été grise et nuageuse, j’aimerais bien que le ciel se dégage ; chaque nuit j’essaie de voir la Croix du Sud, sans succès pour le moment.

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Le cockpit finit de se vider...

20 heures, une première : une vague déferle dans le cockpit, le remplit, la descente est bien sûr ouverte, alors quelques litres entrent dans le carré. Serpillères, éponges, mais le plus embêtant c’est que l’eau salée ne sèche pas. Je ferme la descente. Le vent n’est pas vraiment plus fort, ça devait être une vague scélérate.
Une autre vague à 22h40, la même… Il n’y en aura pas d’autre, mais ça va me gâcher mon sommeil, le peu qu’il me restait. Je tiens le choc, mais je suis en train d’accumuler de la fatigue. Je m’allonge, je ferme les yeux, je prends la pose qui me permet d’amortir les secousses, et j’essaie d’y croire. Je mets le réveil sur 90 minutes, en fait je me lève au bout de 30 ou 40 minutes, je contrôle l’horizon, je bois un déca, et puis j’y retourne. Vivement vendredi matin.


Dans mon demi-coma, j’ouvre un œil, des pêcheurs cognent contre la coque, leur bateau est à quelques mètres. J’ouvre le 2ème œil, euh, je crois que j’étais en train de rêver !

Jeudi 27 novembre, 8 heures, dernière journée. Je retrouve le ciel capverdien, un peu laiteux à cause de l’Harmattan, ce vent de sable africain qui rend les îles invisibles du large.
Toute la journée, j’attends que le vent baisse. A la nuit tombée, enfin ça arrive, mais le résultat n’est pas confortable, le bateau se trémousse sur du clapot qui ne comprend pas que lui aussi doit faire un geste.

Vendredi 28 novembre, 3h30. Je vois les lumières de l’île de Santo Antao, et à peine celles de Sao Vicente, où se trouve le port de Mindelo. J’avais commencé à dormir tôt hier soir : cette fin de nuit va être longue, pas de bateau en vue, mais l’approche de la côte me rend prudent.
6h, je guette les premières lueurs du Levant à l’est. Le vent a diminué, mais le clapot est toujours là, détestable.
7h00, je vois la silhouette de l’île de Santa Luzia, à l’est, et même celle de Sao Nicolau, à moitié masquée par la brume. La visibilité est devenue excellente. La « Non Trubada » est-elle une des îles du Cap Vert, car voici des conditions idéales pour retrouver cette île perdue, n’est-ce pas, Arlette ?
Vues du large, ces îles sont de couleur ocre, caillouteuses et arides. Cape Verde ça signifie « cap vert », vert comme le souvenir d’une époque révolue ?

10h, j’approche du port, j’appelle la marina de Mindelo à la VHF avec mon meilleur portugais et le capitaine me répond en français.  2 marineros efficaces m’aident à me placer juste à côté d'Esperanza, ils sont arrivés hier soir.
Mes souvenirs d’ici datent d’il y a 11 ans, et le changement est assez spectaculaire ; en 2003, pas de marina, mouillage sur ancre dans la baie, l’annexe était obligatoire pour aller à terre, et là commençait le cirque des gardiens d’annexe, 25 types plus ou moins jeunes qui se disputaient le touriste pour quelques euros la semaine de gardiennage. Le côté africain de cette ancienne colonie portugaise prenait le dessus.
2014, le front de mer est métamorphosé, propre, presque européen. Je pars me promener, je tombe sur une pub « Dior j’adore », les immeubles sont fraîchement peints de couleurs vives, il y a un vrai petit supermarché tout près de la marina.
Bien sûr, dès qu’on s’éloigne du centre, on retrouve ces boutiques minuscules, quelques mètres carrés aux murs tapissés d’étagères surchargées, des chiens un peu pouilleux, tous les petits métiers du genre laveur de voiture au feu rouge ou vendeuse de 12 bananes sur le trottoir, mais la première impression est très agréable.
Et puis ça y est, je suis sous les tropiques !

 

à Mindelo, 29 novembre 2014

Allez voir la page "Les îles perdues", on y parle de ce livre superbe, un bel objet. Et aussi de Tintin !

 

Les bonus vidéos

INDEED en mer d'Iroise

Quelques images d'Indeed dans les îles de la mer d'Iroise, avec le dauphin Randy à l'île de Sein en invité surprise.

Transat retour Açores - Bretagne :

Ambiance de la transat retour Açores-Bretagne, dans le carré, sur le pont ou devant l'étrave, il y a toujours quelque chose à voir.

Indeed au Royaume de Redonda - Une île déserte, et pourtant elle a un roi depuis le 19ème siècle. Une drôle d'escale.

Petite Terre - Sargasses, iguanes et barracudas -  Une réserve naturelle très protégée au sud-est de la Guadeloupe.

 La vie du récif des îles de Gwadloop - Un vrai bonheur de plonger sur le récif - un bonheur ? Non, un enchantement !

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Les dessous d'Indeed, tout ce que vous avez toujours voulu voir d'Indeed sans jamais le pouvoir, parce que vous avez peur de mettre la tête sous l'eau !

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Serpents de mer et colibris - le bonheur de voyager sous les Tropiques, c'est de contempler des animaux qu'on ne connaissait que dans les livres ou au cinéma, dans l'eau, dans l'air, sur terre.

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Quelques vues du Carnaval des écoles à Trinidad & Tobago.

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 INDEED et les dauphins, un rêve marin en vidéo en un clic.

Allez aussi voir les journaux de bord du mois d'août 2014 : Molène, Le Port Rhu, les Glénan...

"Favet Neptunus eunti" : "Neptune est favorable à ceux qui voyagent" !

Rue du Treiz à Douarnenez

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